vendredi 25 mai 2018

Soixante jours de Sarah Marty

Soixante jours de Sarah Marty aux éditions Denoël,20

Un voyage qui commence en Turquie et qui s'achève en France, voilà ce que nous raconte la romancière Sarah Marty dans son ouvrage Soixante jours paru chez Denoël. Ce voyage là est de tous les dangers, traverse les frontières terrestres en se baignant dans la peur, repousse les limites de l'humain au nom de la fuite d'un pays. Ce voyage se passe aujourd'hui, en ce moment même, au XXIe siècle.

Yoldas fait partie de ce périple, avec une quinzaine d'hommes et de femmes, il décide pour échapper aux dangers de partir pour l'Europe. Ils laissent tous une famille et une terre dans laquelle ils se sont construits et qui les définit intégralement. Désormais, ils n'ont que leurs souvenirs pour être plus forts et affronter le froid, la faim et l'attente. L'attente des différents passeurs qui vont se relayer sur plusieurs pays pour les faire avancer.
On leur avait dit que la traversée durerait cinq jours. Soixante jours plus tard, le groupe d'exilés- Yoldas, Yusuf, Welat et Osman, Beritan, Asra et son bébé Ersin, Ferhat et son frère Mirkan, Cevdet et Sibel, Tekin, Welat et Citseko - sera allé au bout de lui-même. Car il est bien question d'un groupe: issus de milieux différents mais tous issus de la communauté kurde de Turquie, ils ne se connaissent pas le premier jour et devront faire corps dès le deuxième. 

Sarah Marty nous livre ce témoignage incroyable sur ces hommes qui risquent leur vie et dépassent les limites de la souffrance pour un avenir éclairé. Il nous laisse le souffle court, et nous amène à repenser notre place.

The End de ZEP

The End de ZEP aux éditions Rue de Sèvres, 19 euros.

Une dystopie ! Le créateur de Titeuf continue de s’aventurer loin de ses bases mais avec conviction. 
Inspirée par les travaux de Francis Hallé et surtout par le pessimisme de ses conclusions, l’histoire de The end prend pour témoin d’un évènement déterminant pour l’espèce humaine, Théodore, un jeune stagiaire scientifique

L’observation du fonctionnement des arbres sert de fil conducteur à The end. Celle-ci s’avère d’ailleurs passionnante pour le lecteur tout comme pour Théodore. Le jeune homme débarque en Suède pour étudier les arbres auprès du professeur Frawley qui étudie avec passion la vie de ces derniers qu'il désigne comme une civilisation secrète qui mémoriserait, tel un codex, l’histoire de la terre. 
Voilà où en sont les avancées du professeur Frawley au moment où de nouveaux indices laissent à penser qu'une accélération subite d’un processus incontrôlable est dirigé à l'encontre de l’humanité.
Qui sont les responsables des morts collectives constatées en différents endroits de la planète ?

Zep dessine merveilleusement les paysages qui composent son histoire. L’intrigue scientifique demeure compréhensible et passionnante. Séduisante également sa capacité d’imaginer la résolution de mystères sur l'histoire de la Terre et de ses habitants. Les pages se tournent vite. La fin mériterait une suite mais le message laissé par Zep se contente de servir d'avertissement à l’intention de l’humanité.  


Avec toi Maman d' Antoinette Portis

Avec toi Maman d'Antoinette Portis aux éditions du Genévrier, 13

En cette veille de week-end de fête des mamans, voici de quoi nous émouvoir sur la nostalgie de l'enfance.
Avec toi maman revient sur le caractère unique de chaque événement, chaque rituel, chaque objet qui constituent le quotidien d'un enfant. Cet album très joliment illustré met en scène une petite fille qui apprécie chaque sensation que lui procure la vie, celle du vent dans ses cheveux, celle du parfum d'une fleur en particulier, et même celle de ses pieds pleins de boue. Les cinq sens en éveil, elle invite le lecteur à faire une pause pour apprécier chaque instant.
Mais surtout elle nous montre que nous pouvons en tant que jeune enfant faire de tout objet une aventure et une expérience unique: une simple feuille devient La feuille, celle qui nous attendait tapis au pied d'un arbre. Le toucher visqueux d'un ver de terre s'apparente à une rencontre au sommet entre le monde des humains et le monde animal.
Enfin, la beauté de cet album à lire à des enfants à partir de 1 an, est qu'il s'attache au lien familial qui protège et structure tous ces événements du quotidien. Le lien entre cette jeune fille et sa mère est basé sur l'instinct et l'absence de parole au profit de la simple émotion d'être ensemble, à ce moment précis de la journée pendant lequel une mère lit une histoire à sa fille.

A offrir à une maman, ou un parent, ou un enfant: bref, à tout ceux qu'une brise d'été, ou un joli croissant de lune ne laisse pas indifférent!

vendredi 18 mai 2018

La quinzaine de la Pléiade

C'est parti pour la quinzaine de la Pléiade! A compter d'aujourd'hui, nous vous offrons le superbe album de Simone de Beauvoir, pour l'achat de trois volumes de la Bibliothèque de la Pléiade, et ce dans la limite des stocks disponibles.




Haute couture de Florence DELAY

Haute couture de Florence DELAY aux éditions Gallimard, 12 euros.


Voilà le livre qui fait du bien tout en restant bien sûr aux antipodes de l’appellation "Feel good book" actuelle. 

En écrivant ce livre, nul doute que Florence Delay a été portée par la grâce de son sujet autant que par sa douleur. 

Au commencement, il y eut une visite du musée de Séville. La jeune Florence, alors âgée de treize ans, est impressionnée  par « la coupe des vêtements, l’élégance des taffetas, des soies brochées d’or et d’argent, l’audacieux choc des couleurs, violet sous jaune, lilas sur vert, carmin et citron réunis, le raffinement des détails, dalmatiques brodées de fleurs, châles agrafés par un bijou sur l’épaule, collerettes plissées, manches bouillonnantes, ceintures bouffantes, rubans qui s’envolent des chevelures, galons qui courent au bas des jupes, tout concourt à l’illusion d’une présentation de haute couture au siècle d’or ».

Florence Delay n’est pas académicienne pour rien. La richesse de son vocabulaire explose dans la description des tableaux de celui qui fut, aux côtés de Velasquez, un maître du siècle d’or espagnol, Francesco de Zurbaran. 
Le peu que l’on sait de la vie de ce dernier est restitué par Florence Delay. Il a notamment peint, et de merveilleuse façon, une série de portraits de saintes. 

Connait-on d’ailleurs la vie de ces femmes d’exception qui se sacrifièrent pour l’amour du Christ ? Accompagnée de La légende dorée de Jacques de Voragine, l’auteur examine par le menu les tableaux du maître espagnol. Description des visages, des expressions, de l’attitude, des objets tenus par les saintes (qui ont bien souvent servi à les torturer) et, au centre de l’attention, les robes, les parures et les couleurs qui les habillent, propre au génie de Zurbaran.

Les vies de Casilda de Tolède, Élisabeth du Portugal, Marguerite d’Antioche, Agathe de Catane, Lucie de Syracuse et quelques autres encore sont reprises dans leur trajectoire incroyable de saintes que des hommes profondément païens mais non dénués de passion amoureuse, affrontèrent dans leur foi, quitte à leur ôter leurs yeux, leurs seins, à les passer à la roue, à les enfermer, les souiller etc. 

Florence Delay plonge au cœur des tableaux dont elle donne un formidable cours, mesuré et précis en même temps que s’ébauche la vie de Zurbaran et son apport magistral à l’histoire de la peinture. 

Il faut aller jusqu’au bout de ce court récit pour apercevoir la correspondance intime de l’auteur avec le peintre. Une figure tutélaire de la mode du XXe siècle surgit alors et crée un pont (d’or) avec le XVIIe siècle que décèle hardiment Florence Delay. 


Voilà donc les superbes raisons qui font de cette leçon de Haute couture un bien fou.

Les petits riens Tome 8, Tout est à sa place dans ce chaos exponentiel de Lewis TRONDHEIM

Les petits riens Tome 8, Tout est à sa place dans ce chaos exponentiel de Lewis TRONDHEIM aux éditions Shampooing, 13,50 euros.

Journal de bord ou carnet de route, choses vues, récit de voyages, quelques soient les définitions qu’on lui accole, le projet du dessinateur et scénariste de bandes dessinées Lewis Trondheim nous conforte, avec ce tome 8 de Petits riens, qu’il est bien un étrange bonhomme à qui, d’une certaine façon, nous ressemblons beaucoup. 

L’amoncellement de réflexions qui parcourent cette bande dessinée peut paraître simpliste. Les bouts de pensées de Trondheim n’atteignant que difficilement le niveau d’une cour d’école. Cependant, on se surprend à les aimer, à les partager. 

C’est qu’elles surgissent (ces pensées) directement du cerveau indocile de l'auteur. Elles prennent le pouvoir le temps d’une confrontation à une réalité soudaine et imprévue. Une fraise des bois bien mûre que l’on renonce à cueillir parce qu’elle est bien trop visible depuis le chemin emprunté et qu’il est trop curieux qu’elle n’ait pas été déjà cueillie par autrui. Idem pour le mot letchi que l’on persiste à orthographier lychee parce que les deux sont valables et surtout parce que cela énerve un ami réunionnais. Même chose lorsque l’on constate qu’il faut aujourd’hui plus d’une minute pour allumer la télévision et que cela aurait paru incroyable il y a une vingtaine d’années. 
Toutes ces pensées incongrues que l’on garde (ou pas) pour soi, ne durent qu’un laps de temps juste assez suffisant pour prendre le contrôle de notre cerveau avant de disparaitre on ne sait comment. 

D’autrefois cela dure le temps d’un trajet angoissant qu’effectue notre auteur sous la pluie au Maroc alors qu’un chauffeur  de taxi roule dans le désert sans ralentir et que la pluie s’intensifie, ou bien, par 52° dans la « Vallée de la mort », quand lui survient l’idée qu'il est en train de réaliser un défi qui lui rappelle sa mortalité et que si la vallée s’était appelée « grave chaude » il ne l’aurait sans doute pas fait, ou encore, par le hublot d’un avion en attente de décollage en bout de piste de l’aéroport de Carthagène en Colombie, quand il observe un couple enlacé en bord de route dans l’attente que l’avion décolle, il se questionne sur ce à quoi ils pourront bien penser quand l’avion se sera envolé ?

Ces observations accrues de faits extérieurs ou intimes (peu importe), dévoile toute sa personnalité que Trondheim laisse mijoter et que quelques coups de crayon suffisent à tendre vers l’absurde et le non sens. 


Philippe Delerm, lui aussi, s’est préoccupé de ces petits riens mais l’on peut jurer que Trondheim est beaucoup plus drôle.



Le mur de G.Macri et C.Zanotti, illustré par Sacco et Vallarino

Le mur de Giancarlo Macri et Carolina Zanotti, illustré par Sacco et Vallarino, aux éditions Nuinui, 15.90

Si l'on veut être seul au monde, on peut faire abstraction de toutes les personnes différentes de nous. On peut même décider de les rejeter, de les isoler pour ne plus les voir, et vivre dans un monde où seuls les gens "comme nous" coexistent. On peut même construire un mur pour dissimuler la crainte que représentent les personnes que l'on a mis derrière.
Dans le sublime album Le Mur, les gens "comme nous" sont bleus. Le souverain, se sentant menacé par les bonhommes violets, rouges, verts, oranges, jaunes,etc, qui selon lui prennent trop de place, décide de les placer derrière un mur.

A présent plus tranquille, il aura cependant besoin de vivre. Pour se divertir, construire des monuments, s'instruire, il devra faire les bons choix. Va t-il franchir le cap de faire appel aux bonhommes de toutes les autres couleurs, qu'il a lui-même exilés?

Au cœur de cet album, vous trouverez un mur, un vrai! Ce livre pop-up illustre magnifiquement bien la question du racisme tout en gardant un aspect très ludique. Il n'est pas sans rappeler l'excellent Le nuage bleu de Tomi Ungerer, grand auteur jeunesse, grâce auquel les enfants peuvent aborder la différence de l'autre afin de mieux vivre ensemble.

Un belle leçon qui est, au vu de l'actualité, encore profondément nécessaire.






vendredi 11 mai 2018

Rencontre poétique le mardi 15 mai à 21h, à la maison des arts de Gujan-Mestras


Nous aurons le plaisir d'être présent à l'événement "Aujourd’hui la poésie" lectures, causerie avec Jean-Paul Michel & Gabriel Mwènè Okoundji, mardi 15 mai à 21h à la maison des arts de Gujan-Mestras. Cette soirée s'adresse à tous les publics.

Cette soirée poétique proposera une rencontre au sommet entre deux artisans du verbe, le bordelais Jean-Paul Michel, né en 1948, philosophe, éditeur et poète – et le franco-congolais Gabriel Mwènè Okoundji, né en 1962, psycho-clinicien à Bordeaux et Grand prix littéraire d’Afrique noire 2010. Leur parcours a croisé celui du poète gascon Bernard Manciet (1923-2005) dont la figure apparaîtra en filigrane lors de cet événement.
Renseignements Service Culturel 05 57 52 59 31


Irrécupérable de Lenny Bruce

Irrécupérable de Lenny Bruce aux éditions Tristram, 23.50

Pour la première fois traduite en France, l'autobiographie de Lenny Bruce vaut le détour: décalée, drôle et incroyablement riches de péripéties, elle nous plonge dans le monde foisonnant du milieu de la scène, dans les années cinquante et soixante à Long Island. 
Lenny Bruce, de son vrai nom Léonard Alfred Schneider, est un personnage de roman. Antipathique pour la plupart des gens qui l'ont côtoyé, il a provoqué nombre de scandales par son discours irrévérencieux, provocateur et décomplexé. Quoi de mieux en effet lorsque l'on a du talent et l'art du politiquement incorrect, que de faire carrière dans le one man show? Après avoir grandi avec sa mère et sa tante, s'être enfui à seize ans pour passer deux années dans une ferme, puis s'être engagé dans la marine marchande en 1942, il développe l'art de critiquer les idées pré-établies, les croyances religieuses, les bonnes mœurs...
Il monte sur les planches avec la farouche envie de faire la guerre à l'hypocrisie et à l'ordre établi. Ce qui entraînera bien sûr des réactions en chaîne: choqués par son humour provoquant, ses attitudes burlesques et sa vision du monde, son public et surtout les autorités américaines lui demanderont des comptes devant la justice.

Lire aujourd'hui une autobiographie aussi riche sur le plan littéraire que sur le fond, nous apporte un recul nécessaire et important pour comprendre non seulement la société américaine contemporaine, mais aussi les enjeux autour du rôle du spectacle et de la satire. Cet ouvrage n'est pas sans rappeler l'excellent film de Milos Forman, Man on the Moon, qui interroge à merveille cette limite qui doit -ou pas- être franchie.

Les petites distances de Véronique Cazot et Camille Benyamina

Les petites distances de Véronique Cazot et Camille Benyamina aux éditions Casterman, 22

Max est le genre de personne que l'on dit "effacée". Quand une personne s'efface, elle devient invisible. C'est bel et bien ce qui arrive à Max. Plus personne ne le voit, ne fait attention à lui. Et sur sa route pleine de monde, de pots d'échappements, de grisaille citadine, se trouve Léonie. Elle habite dans le même immeuble que lui. Léonie est le genre de personne qui lutte contre ses démons, qui croque la vie à pleine dents et tente d'y trouver un sens quelconque. Elle multiplie les conquêtes et expériences intimes, arpente les aléas du quotidien.
Si Max est bel et bien invisible, Léonie sent sa présence. Tout du moins, elle sent qu'elle ne prend pas la bonne direction, et que quelqu'un, présent dans son appartement, essaie de lui en indiquer une autre.
A partir de là, une relation de couple pour le moins originale, se dessine entre les deux personnages. Une relation fondée sur la perception, la sensualité, le ressenti, la présence hypothétique de l'autre. 
Un scénario et un dessin idéaux pour camper une belle ambiance qui en dit long sur nos modes de vie, notre rapport au corps, et le besoin irrépressible d'être bien avec soi et surtout avec l'être aimé.

 

Jouer dehors de Laurent Moreau



Jouer dehors de Laurent Moreau aux éditions helium, 16,90
 
Et si vous alliez jouer dehors? Voilà ce qu'une maman demande à ses deux enfants, dont les cris commencent à résonner trop fort dans la maison. Dehors? Mais que peut-on faire dehors? Sentir l'air frais, compter les nuages, aller au potager... entreprendre un voyage peut-être! Un imaginaire foisonnant s'offre alors aux deux jeunes enfants, qui les amène à rencontrer divers paysages et de multiples espèces d'animaux.

Ces animaux ont un point commun, ils sont menacés d'extinction, et leur survie est précaire. Grâce au dessin de Laurent Moreau (qui nous avait déjà offert les excellents La famille sauvage et Les beaux instants chez helium également), nous entreprenons nous-mêmes une jolie aventure colorée qui mêle notre jeu quotidien à un safari inoubliable.


vendredi 4 mai 2018

La Plage aux écrivains, c'est demain!

Au fil de vos promenades du week-end sur le front de mer, vous pourrez rencontrer vos auteurs préférés! La Plage aux écrivains, c'est demain samedi et 5 mai et dimanche 6 mai. De nombreuses rencontres et séances de dédicace vous seront proposées tout au long du week-end.

Au plaisir de vous y retrouver!Voici le programme:


Rencontre et dédicace avec Guy RECHENMANN

Même le scorpion pleure de Guy RECHENMANN aux éditions Caïrn, 16 euros.

C’est en lisant, année après année, ce que l’on appelle la production locale (issue en l’occurrence du bassin d’Arcachon) que l’on est en droit de penser à une ligne de démarcation littéraire entre le nord du bassin (qui se définit  d’Andernos au Cap-Ferret) et le sud (qui part d’Arcachon jusqu’à Gujan-Mestras). Un no man’s land s’étendrait du Teich à Lanton (zone sans doute insuffisamment irriguée ou trop vaseuse pour y fixer de durables écrits).

Le sud, donc, engendrerait des livres à vocation historique. Cela parait logique, le lieu est visité depuis toujours par des représentants officiels (de Napoléon III à Nicolas Sarkozy) bien moins artistiques (people ?) que ceux, aujourd’hui, qui côtoient le nord (Guillaume Canet par exemple voire Pascal Obispo). Mais tout cela, bien évidemment, se discute. 

La contrée du sud ayant l’avantage d’être, aujourd’hui encore, plus accessible avec l’avènement du chemin de fer que celle du nord (qui ne le reçoit plus), inciterait cette dernière, grâce à son étendue (l’hiver bien sûr !) plus sauvage et par conséquent moins habitée, à un développement et à un penchant plus romanesque, plus libre, dégagée de ces contraintes de l’Histoire et peut-être même plus attirée vers un genre plus « joueur », le polar.

Guy Rechenmann, si l’on en croit la situation géographique de ce Même le scorpion pleure, s’affiche indubitablement en homme du nord. Le néophyte, s’il veut suivre les pérégrinations d’Anselme Viloc - l’inspecteur récurrent de Guy Rechenman - devra se munir d’une carte pour localiser ces lieux que sont Les Jacquets, Piraillan, Le Canon ou encore Bélisaire. 
Technique très appréciée des amateurs avertis que d’offrir des repères que l’on s’accorde en «gens du coin» à bien connaître. Anselme Viloc que le métier d'inspecteur (et non pas commissaire) oblige à se rendre à Bordeaux, passe des vacances dans sa maison du « bassin » et, fatalement, est confronté à quelques étrangetés qui dérèglent son repos. 

Reconnaissons à Guy Rechenmann un ton paisible qui sied aux lectures estivales. Si l’on meurt d’une manière régulière dans Même le scorpion pleure, cela se fait après coup. La police constate les décès qu’elle décrète accidentels. Nous comprenons après d’intenses cogitations d’Anselme Viloc que la mort rôde autour de certaines maisons vendues en viager. La personnalité de cet Anselme Viloc, omniprésent, est, concomitamment, le sujet d’une grande digression qui emprunte les voies de la psychanalyse et de l’hypnose. Il y a ainsi un éloignement de l’enquête assez troublant si l’on n’est pas un familier du dit Anselme Viloc dont Même le scorpion pleure est le quatrième opus. 


Cependant l’affaire qui préoccupe vraiment le lecteur se rapproche à pas feutrés du monde de la radiesthésie et donne une réelle originalité au roman. Si l’auteur confie à la fin de son ouvrage que l’enquête fut fort compliquée (à écrire), il aura réussi néanmoins à nous questionner sur la bonne orientation de nos lits et sur les points négatifs de nos maisons (et immeubles ?).

La cantine de minuit de Yaro ABE

La cantine de minuit de Yaro ABE aux éditions du Lézard noir, 18 euros.

Ils forment une communauté, les habitués du restaurant du quartier Shinjuku à Tokyo où chaque nouveau venu est observé et même inspecté en fonction de ce qu’il mange. 
Ici, c’est une véritable curiosité les goûts culinaires. Ils suscitent des interrogations. Tel aliment, telle odeur, tel accompagnement sont révélateurs d’une région, d’un type d’éducation, d’un souvenir précis. 

La cantine de minuit décline toutes les humeurs possibles au devant d'un plat avec les interactions que suscite leur consommateur. Le restaurant d'ailleurs est conçu pour favoriser les rencontres et les échanges. Au milieu, il y a le patron qui parvient à satisfaire les attentes de chacun. 

La cantique de minuit accueille des noctambules, des êtres à part, mystérieux. Que font-ils une fois repus, qu'ont-ils fait avant d'entrer dans le restaurant ? 

Yaro Abe n'hésite pas à revenir sur les vies des uns et des autres, on les retrouve quelques chapitres plus loin, ils ne sont plus centraux mais peuvent inopinément entre deux dialogues se rappeler à notre souvenir. 

Ainsi est fait le charme de La cantique de minuit. La porte s’ouvre et surgit un nouvel arrivant qui commande un plat tout de go. Les habitués s’interrogent. Qui est-il ? La cantine de minuit est une cancanière, une échoppe de quartier qui peut aussi s’inquiéter des absences des uns et se languir des confidences des autres. 

Chaque histoire est contenue dans un chapitre. Le tome 1 en contient vingt-cinq et chacun porte le nom d’un plat. Parfois le patron est navré de ne pouvoir servir exactement la demande de ses clients, alors il biaise, il propose une variante qui ravit toujours celui ou celle qui accepte sa proposition. 
Aucune violence, aucune bagarre, quelques échanges un peu vifs mais dans le respect du lieu où l’on vient d'abord pour manger et pour parler. 

La stripteaseuse, le Yakuza, le boxeur, la trop gourmande, l’amoureux transi, celui qui vient du nord, celle qui vit au sud, la chanteuse, le pas verni, l’ambitieux, l’italien… cette panoplie tokyoïte dont nous sommes témoins des tranches de vie qu'elle déplie, la télévision japonaise la propose en série car les japonais sont devenus friands de ces instantanés atteignant aujourd'hui dix-huit tomes. En France seulement trois ont été traduits. 

Geronimo Stilton, Les aventures de Sherlock Holmes

Geronimo Stilton, Les aventures de Sherlock Holmes aux éditions Albin Michel Jeunesse, 13.90
Texte rédigé par Anouk Calas

Sherlock Holmes et son fidèle assistant, le docteur John Watson, sont très réputés en Angleterre . De nombreuses personnes demandent de l'aide aux deux amis pour résoudre des enquêtes ! Vols, mystères, escroqueries, rien n'échappe à Sherlock Holmes ...Dans le livre il y a 3 histoires . Elles se déroulent toutes à Londres. J'ai trouvé que c'était bien expliqué... Au début de chaque histoire, il y a les personnages principaux sous le titre pour qu'on ne soit pas perdu dans les histoires ... . Sherlock Holmes  saura-t-il trouver les coupables dans ces trois histoires ?
20 /20 Très bon roman et facile à comprendre avec des illustrations amusantes !
Pour les lecteurs de 8 à 12 ans