samedi 17 décembre 2016

Ce mexicain qui venait du Japon et me parlait de l’Auvergne de Jean-Claude LALUMIERE

Ce mexicain qui venait du Japon et me parlait de l’Auvergne de Jean-Claude LALUMIERE aux éditions Arthaud, 17 euros.

Le grand voyageur que nous supposons être Jean-Claude Lalumière a trouvé un nouvel alter ego avec qui assouvir sa soif inextinguible d’aventures. Car il en est toujours ainsi avec cet auteur, un personnage surgi de sa province (toujours lointaine), en l’occurrence ici l’île d’Oléron, débarque à Paris nanti des plus grandes ambitions. 

"Voir du pays" disent à peu près tous les (anti)héros de ses livres. Surmonter le complexe du provincial et affirmer sa réussite en envoyant, par exemple, une carte postale à chaque passage dans une ville susceptible (ou pas) de faire rêver sa douce maman qui pourra à son tour s’enorgueillir de recevoir du bout du monde un gribouillis de son fils et surtout une vue idéale d’un endroit où elle ne se rendra jamais. 

Benjamin Lechevalier donc, nouvel aventurier du monde de Jean-Claude Lalumière, a eu tôt fait de trouver le métier idéal de représentant (culturel) de commerce qui l’expédie de ville en ville à la conquête de nouveaux clients. Le problème, lorsqu’on voyage sans cesse, est de se lasser. Pire, Benjamin Lechevalier éprouve, à la longue, le sentiment de ne rien voir d’autre que des chambres d’hôtel et des restaurants où il côtoie toujours les mêmes personnes qui exercent le même métier. 
Les trajets en train ou en avion sont propices à la fréquentation d’une communauté de voyageurs professionnels qui optent souvent pour les mêmes pratiques extra-conjugales. Mais Benjamin Lechevalier est différent, il tombe amoureux de Clara qu’il croise et recroise au travers de ses pérégrinations planétaires avec l'espoir secret de parvenir à la séduire. Sauf que notre homme, hélas pour lui, n’est pas un séducteur dans l’âme alors quid de cette histoire : Benjamin vivra t-il le grand amour ?

Jean-Claude Lalumière a une qualité d’écriture qui correspond, pour faire court, au caractère des gens qu’il met en scène. Des gens modestes serait-on tenté de dire mais non dénué de bon sens. Des gens pratiques, Benjamin Lechevalier se révélant comme quelqu’un de "terre à terre" . Il n’est pas là pour enchanter le monde mais pour lui assigner un sens. Le quotidien ne doit pas être perdu de vue. Les repas, le sommeil, le prix de telle chambre, les conditions de voyage, leur durée etc., participent pleinement à la montée en puissance d’un humour déjà expérimenté dans les autres livres de Jean-Claude Lalumière et, quand cet univers, en principe rassurant mais solitaire de l’organisation intime, se détraque, il provoque le rire voire l’hilarité. 


Jean-Claude Lalumière se moque allègrement d’une lignée d’écrivains concentrés sur le détail soit disant poétique des choses ordinaires. Il saccage ce territoire un peu à l’exemple des Bidochons créés par l’ineffable Binet. La poésie, non merci. Il est bien plus préférable de ne pas tomber malade en avion mais bien évidemment, Benjamin gaffe toujours au moment crucial. Un anti-romantique en puissance.

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