samedi 27 février 2016

Les enfants de l'eau noire de Joe R. LANSDALE

Les enfants de l'eau noire de Joe R. LANSDALE aux éditions Denoël, 21,90 euros.

Inutile de s'attarder sur l’œuvre considérable de Joe R. Lansdale, ce texan écrit depuis l'âge de neuf ans nous dit sa fiche wikipédia. Néanmoins L'arbre à bouteille (paru en 2000) fut pour certains une révélation. Le couple Harp Collins et Léonard Pine formant une paire d'as qui s'est retrouvée à maintes reprises dans les romans de l'américain.

Mais Les enfants de l'eau noire, qui se situe également au Texas  dans les années trente, nous emmène à la campagne qui borde l'état de la Louisiane. Ce décor primordial pour l'histoire répond d'une manière évidente à l’œuvre de Mark Twain, le Mississipi étant remplacé par une petite rivière (la Sabine) où l'on va commencer par remonter un cadavre, celui d'une jeune adolescente, lors d'une partie pêche. 
Il se trouve que sa meilleure amie participe à cette lugubre découverte et la manière dont l'affaire est classée par la police incite la jeune fille à prendre les choses à son compte. D'abord récupérer le corps puis l'incinérer et enfin disperser les cendres à Hollywood, le lieu où la jeune morte avait décidé de se rendre pour y devenir une actrice...

Ainsi l'aventure commence un peu comme si nous avions affaire au club des cinq (qui seront quatre finalement) parti au fil de la Sabine, sur un radeau, avec une flopée de gens malintentionnés à leur trousses. En effet, ils transportent avec eux non seulement l'urne funéraire qui fait suite à la crémation mais aussi un butin découvert par hasard issu d'un braquage qui aurait permis de financer le voyage de la future starlette.

Les membres de cette équipée sont en majeure partie des adolescents, le premier est un bellâtre que les filles n'intéressent pas, la deuxième est une noire qui au pays du sud sait parfaitement à quoi s'en tenir et se défend en conséquence du racisme rampant qui se présente régulièrement à son encontre. Puis, bien sûr, notre petite narratrice, qui a inauguré cette escapade, complète le tableau accompagnée de sa mère sortie d'une léthargie profonde entretenue jusque là par l'alcool et des médicaments qu'elle a longtemps absorbés au-delà du raisonnable. 
Derrière eux, une chasse est organisée  par le beau-père de notre héroïne et par le Shérif en raison de cet argent illégal qui aiguise tous les appétits. Enfin, et vous saurez pourquoi au moment voulu, l'indescriptible Skunk s'invite à son tour dans cette partie de cache-cache. Si beaucoup doute de l'existence de cet homme dont on a fait une légende, ce monstre de la forêt  s'avèrera le clou du spectacle du roman.

Très en verve dans la tête de cette jeune fille de quinze ans, Joe R. Lansdale  a construit avec entrain une farce noire qui alterne les scènes d'action avec de beaux moments de respiration où chaque personnage se révèle autant à lui-même qu'aux autres. 
Voici donc un thriller initiatique d'où se dégage une grande force comique qui comble le frisson et la grande pauvreté morale que l'on côtoie tout au long de cette descente de la Sabine que l'auteur, lui, connaît comme sa poche.

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