samedi 3 octobre 2015

Le coeur du problème de Christian OSTER

Le coeur du problème de Christian OSTER aux éditions de L'Olivier, 17 euros.

La première phrase du Coeur du problème est un piège. La voici:  Pour dire les choses vite, quand je suis rentré chez moi ce soir de juillet, il y avait un homme mort dans le salon. Elle contient beaucoup d'informations, presque trop, mais l'essentielle que l'on pense être qu'un homme mort se trouve dans le salon du narrateur n'est  pas la plus importante, c'est l'expression "pour dire les choses vite"  qui nous dit combien le narrateur, impatient, n'a pas l'intention de s'attarder sur ce sombre détail qui a surgi un soir dans sa maison, ni de faire état de cette détestable apparition dès la première phrase du livre. Cette intention de dire les choses vite lorsqu'on entame un roman, est une belle façon de mentir. 

La fâcherie et l'embarras de ce personnage que l'on découvrira irritable se justifient par son accablante ignorance des faits. S'il devait, à condition qu'il le fasse, prévenir la police, force serait pour lui de convaincre ses interrogateurs qu'il ne connait pas la victime et que son corps (mort) lui est apparu pour la première fois après avoir tourné la clé de sa porte d'entrée.

Mais la police ne sera pas prévenue, un détail ennuyeux dissuade toute tentative de s'expliquer, la disparition de Diane et le message qu'elle a laissé.
Pourtant, la conscience harcelée, l'homme se rend tout de même au commissariat pour signaler l'événement de la disparition. Cette précaution corrobore toutes celles prises précédemment. 
Diane qui avait jusque là partagé sa vie, l'a quitté et lui a laissé ce sale travail de camoufler un mort.

Au travers de cette mésaventure, Christian Oster déploie avec maestria le caractère indécis et fragile de son personnage, il le déséquilibre et en apprécie la dérive tout en lui fournissant de judicieuses opportunités (des voyages ou des rencontres avec le voisinage..) et finit même par trouver une forme de jubilation dans ce problème qui, effectivement, réside dans le cœur de son incertain héros.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire