samedi 28 février 2015

Lettres à mon cher petit frère qui n'est pas encore né de Frédéric Kessler et Alain Pilon


Lettres à mon cher petit frère qui n'est pas encore né de Frédéric Kessler et Alain Pilon, éditions Grasset jeunesse, 13.90 euros

Tout est dans le titre sauf peut-être le fait que voici un livre tendrement drôle que nous vous conseillons vivement sur la naissance des sentiments entre deux frères: admiration, chamaillerie et affection bien sûr, mais aussi respect et courtoisie qui font sortir cet album du lot!
Nous ne résistons pas à vous en retranscrire les premières pages:

" Mon cher grand frère,
Voilà bientôt neuf mois que je grandis dans le ventre de notre tendre maman.
Ici la vie est bien douce, la température idéale, et il ne fait jamais ni faim ni soif.
A très très bientôt,
Votre puîné.
post-scriptum: Savez-vous déjà si je suis un garçon ou une fille?

Monsieur le gros bébé,
Profitez-en!!! Ici, l'hiver on grelotte, et l'été on transpire. On mange à heure fixe et pas moyen de grignoter entre les repas.
Sachez que vous êtes un garçon, et n'allez pas me demander le prénom ridicule que nos parents ont choisi pour vous, car à peine on me l'avait dit, que j'ai tout fait pour l'oublier.
A bientôt quand même,
Votre aîné."

Incandescents de Frode Grytten


Recto   .
Incandescents de Frode Grytten, éditions Buchet Chastel, 15 euros

Joe Strummer, Mick Jones, Paul Simonon, Topper Headon font un bruit particulier aux oreilles averties des rockers.  
Le groupe de rock qui a réuni ces quatre-là pendant moins de dix ans s'appelait The Clash et figure sans conteste au panthéon de la musique pop. Si à ses débuts The Clash était purement punk, son évolution en a fait un des meilleurs, sinon le meilleur, groupes au monde.
Incandescents rattrape le groupe en 1981 lors d'une de leurs innombrables tournées. Joe Strummer, leader du groupe, apparait le premier, sa propre histoire est  inextricablement liée à celle du groupe.
Le concert du soir est menacé, il y a des émeutes en vue si les Clash ne jouent pas et l'on découvre alors l'importance du manager Bernie Rhodes.
Forde Grytten a dû travailler des points très précis de l'histoire des Clash parvenant à une authenticité convaincante du quotidien du groupe en dehors des concerts. Il a choisi de décrire les épisodes les plus intimes de la vie de chacun des membres qui forment les quatre parties du livres. De Joe Strummer le plus investi à Topper Headon, le plus solitaire, les quatre portraits constituent l'histoire des Clash, de leur formation à leur séparation avec le pari de nous faire entendre leur voix, leur point de vue. Ainsi nous revivons certains moments clés, comment Mick Jones fut viré, comment Simonon et Jones s'y sont pris pour accoster Strummer, quelles furent l'influence de leurs petites amies et que devint leur vie après la fin des Clash.
On ne peut réellement pas assimiler ce roman à la vie d'un groupe de rock en général, il s'agit uniquement de celle des Clash, elle n'est arrivée à personne d'autre, pas seulement parce que leurs chansons étaient les meilleures, pas seulement en raison de leur engagement politique, pas seulement pour leur intégrité artistique mais parce qu'ils furent quelques années durant le plus grand groupe du monde.

samedi 21 février 2015

Comme un karateka belge qui fait du cinéma de Jean-Claude LALUMIERE

Jean-Claude LALUMIERE est le deuxième résident invité à l'hôtel  Ville d'Hiver d'Arcachon. 
Son séjour se déroulera du 15 au 21 mars 2015. Nous aurons tout loisir de vous indiquer les lieux et les dates des rencontres avec l'auteur durant cette période

Recto








Comme un karateka belge qui fait du cinéma de Jean-Claude LALUMIERE aux éditons Le Dilettante, 17,00 euros.

Un certain détachement qui cache beaucoup de pudeur, voilà ce qui, de prime abord, émerge de ce livre au titre étrange.
Jean-Claude Lalumière plus fabuliste que moraliste cite à la fin de son livre, dans les pages consacrées aux hommages et aux remerciements, Le Retour à Reims* de Didier Eribon. Une indication précieuse pour qui voudrait mieux saisir le projet de l'auteur et son ambition.

Notre société est une grande productrice d'hommes et de femmes déracinés et ne prend pas toujours en compte ceux qui, délibérément, ont choisi de s'éloigner de leur province, de rompre volontairement les amarres avec un lieu de naissance qu'ils considèrent  comme un exil quitte à ce que celui-ci soit mental. Avec du courage pour tout bagage, ils vont  vers un avenir incertain souvent difficile, parfois discriminatoire. Plus simplement, ce livre traite du statut social et de la difficulté d'intégrer un milieu (artistique en l'occurrence) qui n'est pas celui dans lequel on a grandi.

Ce qui ressort de Comme un karatéka..., c'est d'abord une déambulation nocturne au cœur de Paris. Le narrateur ravive les souvenirs de son enfance à Macau (Gironde) dans un environnement viticole qui est très éloigné des aspirations cinématographiques de cet homme qui se revoit jeune garçon et qui souffre encore (avec un sens de l'humour consommé) de ses déboires de bricoleur lorsque par exemple il procéda à  l'élaboration du portail d'entrée de la maison familiale en compagnie de son père.

Ce malheureux réfractaire à toute activité matérielle est, entre temps, devenu un employé modèle dans une galerie d'art parisienne. S'il n'est pas devenu le cinéaste qu'il s'était mis au défi (devant ses parents) d'être un jour, il a néanmoins accédé au monde de l'art (contemporain) et côtoie des amateurs hélas, peu éclairés, bien plus mondains que connaisseurs.

Le soir, c'est une habitude, il rentre à pied chez lui et redécouvre Paris comme un vrai provincial. A l'hôtel Lutetia, il s'installe au bar à des heures indues et ce soir-là, un certain Jean-Claude Van Damme s’assoit près de lui. Ce type de rencontre appartient à celles où l'on se livre sans ambages car l'on est plongé au cœur de la nuit avec un ou plusieurs verres d'alcool derrière soi et  le temps, dès lors, n'existe plus.

De quel pied repartira notre homme après cet intermède rétrospectif ? Que peut-on garder d'une conversation à bâtons rompus avec un acteur de film de Kung fu ? Avec une dose d'humour supplémentaire Jean-Claude Lalumière nous entraîne sur une pente sensible et raffinée qui s'était révélée à la lecture de son premier roman Le front russe sur lequel nous reviendrons bientôt.



* Didier Eribon a publié en 2009 aux éditions Fayard un récit autobiographique qui  restituait son "ascension" sociale et intellectuelle au regard de ses parents, de sa ville, bref de ses origines.

Boîtes à bonheurs de Carl Norac et Claude K. Dubois


Couverture

Boîtes à bonheurs de Carl Norac et Claude K. Dubois, éditions Ecole des Loisirs, 9.70 euros, à partir de 3 ans



Quel bonheur de retrouver notre petite Lola! Après Les mots doux, l'île aux câlins etc, la voici dans La boîte à bonheur et quand nous disons "dans" c'est justement le cas de le dire...

Aujourd'hui maman a promis un cadeau à sa petite Lola. Veux-t-elle une peluche, une poupée? Non, Lola veut deux boîtes et rien d'autre! Après une séance de montage et d'assemblement digne des plus grands moments à la Ikea, les deux boîtes sont enfin prêtes: une petite pour les petits bonheurs et une grande pour les grands bonheurs! S'ensuit un inventaire méthodique: son ancien doudou, petit ou grand bonheur? Un grand bien sûr contrairement à l'affreux Jojo peluche qui ne mérite d'ailleurs aucune des deux boîtes.
Mais contrariée par son petit frère qui n'a pu s'empêcher de mêler son grain de sel à toute cette affaire, Lola disparaît et décide de se cacher dans la grande boîte à bonheur pour attendre elle aussi le bonheur. Bonheur qui ne se fera pas attendre bien longtemps avec le bisou du soir qui lui n'entre dans aucune boîte mais réchauffe tout autant son petit coeur!

samedi 14 février 2015

Eva de Ersi SOTIROPOULOS

Recto Eva de Ersi SOTIROPOULOS éditons Stock, 19 euros.

 La Grèce dont on nous parle tant, peut-elle se reconnaître dans l'histoire d'une dérive nommée Eva ? La réponse est dans la question cher Watson !

Au matin du 25 décembre, Eva n'est pas encore couchée, elle marche dans les rues froides d'Athènes   poursuivant une virée nocturne entièrement passée dans une boîte de nuit.  Les divers événements qui s'y sont déroulés lui reviennent par intermittence, les rencontres bien sûr, peut-être même le début d'une histoire d'amour alors qu'elle était venue avec Nikos, son compagnon, qu'elle a perdu à un moment ou un autre de la soirée et qui   l'attend certainement dans leur appartement.  
Mais Eva ne rentre pas, elle déambule dans la ville comme si sa vie pouvait changer de direction, comme si la soirée en boîte avait fini de fragmenter sa vie et qu'elle avait besoin encore de rencontrer des gens.

C'est d'ailleurs au détour d'une rue qu'elle tombe sur Moïra, une fille aux allures de prostituée qui attend en vain son ami ? son mac ? son homme ? 
Une amitié spontanée se lie entre Eva et Moïra  à partir d'échanges simples et profonds. 
Ersi Sotiropoulos engage à cet instant, une rêverie comparable à celle de Fellini dans ses films. Les personnages s'y déploient libres de paroles et durs dans leur affrontement avec la réalité.
Recueillie dans l'appartement de Moïra qui, en fait, est une chambre d'hôtel, Eva reconnaît inopinément     le voleur qu'elle avait poursuivi un jour dans la rue et rattrapé après qu'il lui ait dérobé son portefeuille dans un transport en commun. Une sublime confession du voleur s'amorce alors à propos de ce jour décrété maudit puisqu'il engendra une flopée de mésaventures que le voleur raconte comme un mauvais rêve et qu'Eva, Moïra et quelques amis écoutent dans le cadre d'un jeu qu'ils ont nommé "vérité".

Dans ce glissement narratif   affleure un inconscient collectif qui nous parle bien évidemment de la situation grecque et du traumatisme subie par  la population lorsque l'effondrement économique du pays apparut aux yeux de tous. 
A la lecture d'Eva, tout semble déjà s'être délité. L'héroïne et son étrange psychologie sert d'étendard à toutes les pensées qui pourraient  habiter les grecs aujourd'hui. Mais, au-delà de la désillusion de tout un peuple,  demeure le sentiment qu'un jour tout soit remis à sa place et que les grecs retrouveront leur honneur.

Il y a d'ailleurs un vieil homme qui, vers la fin du roman, dans un flux continu de langage ne cesse réhabiliter la civilisation grecque. Si les fusées américaines se sont appelées Apollo, dit-il, c'est pour ne pas froisser les Dieux car les précédentes fusées s'étaient toutes détériorées, "les Dieux les avaient cramés". Albert Einstein, continue t-il, a pompé  toute sa théorie de la relativité à un illustre inconnu grec, c'est par l’intermédiaire des femmes de chambres de l'un et de l'autre que les informations sont passées.

Pendant ce temps, Eva attends indéfiniment l'arrivée de l'homme avec qui elle croit avoir vécu une histoire d'amour dans la boite de nuit. L'homme l'a rappelé quelques heures auparavant sur son portable et, pour Eva, c'est sûr, il va venir la chercher, elle va quitter l'appartement de Moïra et ses amis et commencer une autre vie...

samedi 7 février 2015

Un été de Vincent ALMENDROS


Recto

Un été de Vincent ALMENDROS aux éditions de Minuit, 11,50 euros

Le miracle d'Un été, en ces jours d'hiver plutôt froids, est une sensation de chaleur quasi immédiate qui émane d'un livre dont le titre est une promesse si bien tenue qu'elle indique parfaitement  à quel point l'auteur sait parvenir à ses fins. 

Tout commence avec Pierre, le narrateur, qui arrive à Naples en compagnie de Lone, sa compagne. Il retrouve là Jean, son frère avec son voilier et Jeanne.
Certes le bateau de Jean  jure un peu parmi les yachts amarrés au port. Pierre réalise que les quelques jours en mer qu'il va passer avec Lone, Jean et Jeanne vont se dérouler dans un espace exigu et surtout dans une proximité, plus ou moins désirée, avec Jeanne, son ancienne maîtresse.
L'ambiance à bord est tributaire de cet espace réduit mais aussi de Jean, le capitaine, qui impressionne durablement son frère cadet.
Mais, dès la première nuit, Pierre replonge dans une histoire vieille de sept ans..

L'autre miracle d'Un été est la science du détail de Vincent Almendros, celle-ci déclenche chez le lecteur des images furtives et décisives qui ralentissent le temps mais aussi l'épaississent.
Le quatuor marin prend la direction de  Capri. Le voyage prend une allure indécise, comparable à la mer, au vent et à l'horizon lorsqu'il est mal dessiné.
Les sentiments se mettent également à tanguer et la petite vie communautaire est toujours soumise à l'espace  oppressant du bateau.
Le moindre évènement est sujet à interprétation. La conjonctivite soudaine de Lone , la casquette de Pierre oubliée sur le lit ou encore les méduses qui s'accumulent autour du bateau, et enfin un orage qui monte et menace la poursuite du voyage. Chaque élément s'emboite sans que l'on sache vers quoi.

L'épilogue de cet intermède nautique dans la vie de Pierre intervient quelques mois plus tard. Un évènement majeur est passé inaperçu. On ne l'apprend qu'à l'avant-dernière phrase. La dernière, quant à elle, conclue l'histoire en cinq mots : "C'est super, dis-je".

Salon Jeunesse 13 - 14 - 15 Février 2015 au Palais des Congrès

... Et pour finir notre petit tour d'horizon des auteurs dont nous nous occupons lors du salon, 
voici le programme détaillé des spectacles et dédicaces pour ne rien manquer!

Vendredi 13 février :

  • 17h30 : Ouverture de la librairie
  • 18h : Inauguration du Salon
  • 19h : Spectacle Crumble Club Junior
Samedi 14 février
  • 10h à 18h : Accès aux expositions et à la librairie, 10h à 12h et 14h à 18h : dédicaces
  • 11h : Spectacle Le mangeur de sons
  • 14h : Lecture dessinée de l’atelier Flambant Neuf
  • 15h30 : Table ronde Les Stryges,  20h30 : Double-Croche et Sortilèges, au Théâtre Olympia.
Dimanche 15 février
  • 10H à 18H : Accès aux expositions et à la librairie
  • 10h à 12h et 14h à 18h : dédicaces
  • 10h30 et 11h30 : « Contes en tissu de Passerel »
  • 11h et 15h: Spectacle La Mer et lui. Sur réservation

1-LitteratureJeunesseArcachon2015 

2-LitteratureJeunesseArcachon2015 

3-LitteratureJeunesseArcachon2015 

4-LitteratureJeunesseArcachon2015

    Rencontre Polar Mediathèque Michel Bezian Gujan-Mestras



                                
    Date: 14/02/2015
    Heure: 11h00
    Lieu: Médiathèque Michel Bézian Gujan-Mestras
    Public: Tous publics
    Entrée Libre

    Hervé Le Corre et Yann Lespoux présentent leur sélection de polars incontournables. 
    Au programme: Elsa Marpeau, Franck Bouysee, Alesso Viola, Tom Franklin, Marin Ledun, Zygmunt Miloszewski.