samedi 27 décembre 2014

Blake et Mortimer tome 23

Les aventures de Blake et Mortimer, Le bâton de Plutarque d'Yves SENTE et André JUILLARD éditions Blake et Mortimer, 15,95 euros.

Pour cette 23ème aventure, un épique combat aérien orne la couverture du nouvel album de deux héros légendaires de la bande dessinée. L'imagination des héritiers d'Edgar P. Jacobs semble sans limite, le contexte de la Deuxième Guerre Mondiale est certes toujours inspirant mais cette fois, le monde de l'espionnage et du contre-espionnage aidant, nous atteignons des altitudes bien plus hautes que celles illustrées sur la couverture de l'album.
Comprenons que le capitaine Blake est d'ores et déjà un héros de l'aviation embarqué sur le porte-avion l'Intrépide lorsqu'une attaque surprise allemande menace directement Londres. Il s'agit d'un avion ultra rapide mis au point dans le secret mais les anglais disposent eux aussi d'un prototype rivalisant avec celui conçu par les ingénieurs d'Hitler. 
Avouons aussi qu'un vaste complot structure le scénario du Bâton de Plutarque. Des personnages intrigants ne cessent d'alerter la vigilance du capitaine Blake bientôt rejoint par son savant ami Mortimer qui s'active au cœur d'une base nichée dans un canyon que des des nuages artificiels dissimulent. C'est là que se prépare la prochaine guerre mondiale car celle qui est en cours est d'ores et déjà gagnée par les alliés mais une autre plus incertaine se dessine à l'autre bout du monde, en Asie.
Tout ne sera pas résolu lors de cet épisode manichéen, seul le nœud échafaudé à Gilbratar sera dénoué au bout d'une troublante découverte. Le bâton de Plutarque n'aura alors plus de secret pour vous, c'est, du moins, ce que nous vous souhaitons en cette réjouissante période de fêtes.

Lulu et le château des Quatre Saisons de Picouly et Pillot

Lulu et le château des Quatre Saisons de Daniel Picouly et Frédéric Pillot, éditions Magnard, 16.20 euros

La lumière chatoyante d'un beau couché de soleil et la douce chaleur des rayons du soleil disparaissant, voilà une belle soirée d'été dont  Lulu Vroumette, petite grenouille verte, et ses amis aiment à profiter. Quelle ne fut donc pas leur surprise quand au réveil, le lendemain matin, ils découvrirent tous un paysage immaculé d'un épais manteau de neige! 
L'affaire est grave, réunion immédiate à la grange! Tous sont là sauf Lapin Rien-ne-sert qui préfère continuer à s'entraîner pour battre des records de vitesse et être arrivé avant même d'être parti.
Personne n'ayant la moindre idée sur la cause d'un tel bouleversement, il n'y a plus que le Hibou Qui-sait-tout qui peut les aider. Direction le château des Quatre Saisons où Dames Printemps, Eté, Automne et Hiver résident. Leur problème est des plus délicats: la Clef de Verre qui permet de remonter l'horloge du Grand Eveil Matin a disparu; ces dames ne savent donc plus à quel moment se lever ni dans quel ordre. Lulu Vroumette et ses amis se lancent alors à la recherche de cette clef qui finalement n'a peut être pas disparue toute seule...

Album à partir de 4 ans.

samedi 20 décembre 2014

Joyeux Noël, Splat! de Rob Scotton

Joyeux Noël, Splat! de Rob Scotton, éditions Nathan 13.90 euros

Notre ami Splat est de retour! Nous retrouvons ce jeune matou très attachant à la veille de Noël lors de l'écriture de SA lettre au père Noël. Son seul souhait? Avoir un très très gros cadeau! Mais sa petite soeur, en bonne petite soeur, le fait douter: un très très gros cadeau, c'est forcément pour les très très gentils chats et là stupeur! Il a forcément été gentil mais l'a-t-il été suffisamment? Nous sommes le 24, il n'est pas encore trop tard, le voilà qui se lance dans une course effrénée aux bonnes actions et tant pis si ça veut dire relaver la vaisselle que sa mère vient de finir de laver ou décorer le sapin qui l'est déjà... S'en suit la plus longue nuit de sa vie: est-ce que le père Noël passera et, surtout, est-ce qu'il lui apportera son très très gros cadeau?
Un seul moyen pour vous de résoudre l'énigme: vous précipiter avant le 24 sur cet album pour les 6/7 ans!

Première neige sur le mont Fuji de Yanusari KAWABATA

Première neige sur le mont Fuji de Yasunari KAWABATA aux éditions Albin Michel, 16 euros.

Six nouvelles inédites, jamais traduites, de l'immense auteur des Belles endormies. On pourrait croire qu'elles sont mineures mais non, elles appartiennent pleinement au grand œuvre du prix Nobel de littérature1968.

Pour la plupart, elles sont tirées par un même élan vers le passé, il suffit que l'on détricote la vie d'un personnage ou d'un couple et, à partir d'une situation simple et banale -le constat de la première neige sur le mont Fuji par exemple-, des existences entières se recomposent avec une grande tendresse.
 
Cela peut être aussi puisé dans un quotidien plus banal  mais les éléments naturels demeurent à chaque fois présents. Des gouttes de pluie, la chute des feuilles, le soleil couchant sur un lac, des observations immédiates qui procurent une palette de sentiments ouverte sur le passé. Untel revient en rêve (par hélicoptère !) dans le village de son enfance, il y retrouve une amie telle qu'il l'a connue enfant, puis surgit sa grand-mère et un secret qu'il ne pensait jamais pouvoir être révélé a été découvert, il y a déjà bien longtemps. 

C'est peut-être avec la nouvelle En silence que le grand art de Kawabata se révèle le plus. La jeune femme, qui interprète les silences du grand écrivain muet pour celui qui est venu lui rendre hommage, transforme l'exercice en un subtil jeu de séduction dont aucun des protagonistes ne semble être dupe.
L'humour fait son nid mais il n'est jamais séparé d'une douce et secrète mélancolie que l'on retrouve intacte dans Une rangée d'arbres qui rappelle à toute une famille l'éloignement d'un fils par le truchement de la chute des feuilles d'un Ginko Biloba.

Enfin, La jeune fille et son odeur qui clôt le recueil emprunte son inspiration encore au souvenir et à la commémoration. Le comique côtoie le tragique avec d'infinies précautions tout au long du récit d'un homme irrésistiblement attiré par l'odeur d'une jeune femme qui lui répond ainsi :
Chaque fois que tu me parles de ça, je suis à la fois terriblement gênée et tellement contente ! Mais si d'autres hommes captaient mon odeur, alors je préférerais mourir !
La jeune femme de dix-sept ans exige cependant que leurs rendez-vous aient lieu en un endroit discret proche de là où sa mère est enterrée. Et voilà qu'à partir d'une situation particulière, une vie entière est confessée.

Écrites tout au long des années 50, les nouvelles de Kawabata décrivent une société japonaise encore mortifiée par la guerre mais gagnée aussi par une volonté farouche de modernité. 

samedi 13 décembre 2014

Noces de cire de Rupert THOMSON

 Noces de cire de Rupert THOMSON aux éditions Denoël, 22.50 euros. 

Noces de cire est un titre trompeur malgré son étrange beauté qui, quant à elle, est une juste appréciation de ce roman. 

L'action se déroule à Florence en 1691 mais c'est un sicilien natif de Syracuse qui en est le héros. L'homme est un artiste, il se nomme Zummo et tire son art de ses reproductions réalistes de corps atteints par la maladie notamment la peste. Le voici invité par le grand-duc de Toscane (il s'agit de Cosme III de Médicis), un homme délaissé par sa femme venue de France (Marguerite Louise d'Orléans) qui est retournée en son pays où elle vit désormais recluse dans un couvent. 

Zummo aura une mission secrète mais dans la ville de Florence, tout est plus ou moins secret surtout dans l'entourage du grand-duc qui forme des entrelacs de mystères où chaque personnage rencontré par Zummo semble s'exprimer par ellipses. 

En revanche, la découverte de Florence par les gens du peuple, dans les ruelles et les arrières-cours, à l'auberge, sur les marchés et dans les tavernes, est autrement plus réjouissante. De ce petit monde hétéroclite, un véritable coup de foudre se produit, à travers la vitre d'un apothicaire, entre Zummo et une jeune femme . 

Des semaines passeront avant qu'ils ne se revoient lors d'une réception au palais du grand-duc où la jeune femme apparaît en tant que serveuse.
Zummo travaille d'arrache-pied à la réalisation de la commande du grand-duc qu'il entrecoupe par de rares rencontres avec celle qu'il aime désormais passionnément et dont il connait enfin le nom, Faustina. Faustina lui révèle peu à peu ses origines et ses liens cachés avec le grand-duc. Mais l'espionnage si répandu à Florence finit par menacer Zummo dont l'enfance et la jeunesse furent toute sa vie attaquées par la rumeur, plus précisément par son frère qui le renia .

Ce très grand et très beau roman historique prend vers sa fin une dimension digne des meilleures intrigues policières. On s'émeut de la relation amoureuse entre Zummo et Faustina dans une époque et un  lieu rendu avec mille détails. Les parfums et les couleurs de Florence sont à portée de mains grâce à la riche prose déployée par l'auteur. 

En un mot, c'est superbe.

Un dimanche chez Bam et Kéro de yuka Shimada

Un dimanche chez Bam et Kéro de Yuka Shimada, editions yoaké, 14.99 euros

Si en ce dimanche la pluie fait le bonheur de la petite Kéro, belle grenouille verte, il n'en est pas du tout de même pour son ami Bam pour qui ce n'est pas du tout un temps à mettre la truffe dehors. Mais que faire? Avec la pagaille laissée par Kéro dans la maison, un bon coup de ménage est plus que nécessaire: balai, aspirateur, serpillère tout y passe, même Kéro! La maison étincelante, tout est prêt pour s'adonner à leur loisir préféré: la nourriture du corps et de l 'esprit! Mais tout n'est pas si facile et le grenier où se cache leur livre favori leur réserve bien des surprises....

Voilà comment un dimanche morose devient haut en couleurs, ce qui ravira les plus jeunes de 3/5 ans!

samedi 6 décembre 2014

Le vrai lieu d'Annie ERNAUX

 

Le vrai lieu d'Annie Ernaux (entretiens avec Michelle Porte) aux éditions Gallimard, 12.90 euros.

S'il fallait un jour inciter quelqu'un à découvrir Annie Ernaux, Le vrai lieu serait une porte d'entrée idéale.
Les questions de Michelle Porte dans cet entretien long d'une centaine de pages apportent des éléments sur ce qu'a été la vie et l’œuvre d'Annie Ernaux. 
Comme il a été justement dit sur France-Culture, les fidèles de l'auteur n'apprendront rien de très nouveau sur la jeune fille d'Yvetot (Normandie) qui a grandit entre l'épicerie et le café tenus par ses parents. Ils retrouveront en revanche la justesse d'une parole et des vérités premières sur la vie et l'écriture avec ce petit plus supplément d'âme qui distingue Annie Ernaux de beaucoup d'autres écrivains.
Le parcours retracé durant cet échange est scandé par des chapitres qui s'annoncent comme des livres entiers : Paris je n'y entrerai jamais, Ma mère c'est le feu, Je ne suis pas une femme qui écrit, je suis quelqu'un qui écrit, Ecrire c'est un état...
Le parcours social comme on a coutume de le nommer et qui colle à la peau d'Annie Ernaux est bordé d'un parcours littéraire revisité avec délectation.
Le livre était un objet sacré
De Margaret Mitchell à Kafka, de Maupassant considéré par les normands comme un écrivain à eux au contraire de Flaubert , à Charlotte Brontë et Jane Eyre, de Daudet et Le petit chose à Stendhal avec Le rouge et le noir et L'éducation sentimentale, jusqu'à Sartre et La nausée puis Beauvoir et Le deuxième sexe plutôt que Les mémoires d'une jeune fille rangée... Le livre, effectivement, chez les Ernaux, était un objet sacré.
L'enfance, l'adolescence, l'âge adulte, tout revient avec pertinence lors de ces entretiens. L'heure du premier envoi du premier roman (Les armoires vides publiés en 1974), l'avènement de La place et plus tard Les années, ce retour vers soi est raconté avec l'exigence intellectuelle de quelqu'un qui a longtemps réfléchi sur l'acte d'écrire et qui peut désormais en parler librement. 
L'étude sociologique a œuvré et l'intérêt dès lors redouble pour la compréhension du métier d'écrire. 

samedi 29 novembre 2014

Aller simple pour Nomad Island de Joseph INCARDONA


 

Aller simple pour Nomad Island de Joseph Incardona, éditions Seuil, 19 euros

La famille Jensen avait choisi de passer une semaine de rêve sur une île paradisiaque de l'océan indien. On y vantait ses charmes sur internet et Madame Jensen s'était laissée séduire. 
Ils sont donc arrivés, Monsieur et Madame Jensen accompagnés de leurs enfants, sur un lieu à part où l'on oublie tout et surtout où l'on est oublié de tous.
Aussitôt le village de vacances qui les héberge se met à influencer chacun des membres de la famille Jensen. Le premier matin, le père constate au bout de son jogging qu'un réel enfermement se concrétise tout autour du village avec des clôtures barbelées, qui plus est, tournées vers l'intérieur. Pendant ce temps, Madame Jensen s'adonne à une séance de bien-être hors du commun qui semble littéralement l'aspirer tandis que sa fille, une adolescente au bord de la rébellion, se résout avec une frondeuse détermination à la perte imminente de sa virginité. Enfin, le petit dernier, un garçon surdoué de huit ans, s'épouvante de l'autorité menaçante de la monitrice qui prend en charge son apprentissage de la plongée sous-marine. Ce sera lui, le premier, à comprendre ce qui se trame sur cette île, initiés par deux nouveaux amis malmenés comme lui lors des séances d'animation. Ils envisageront dès lors une tentative d'évasion. 
Les quatre Jensen reconnaissent chacun une vérité différente à la vie qu'ils mènent au village. Quand celui-ci révélera t-il pour de bon son inquiétante finalité ?

Le suisse Incardona a du beaucoup fantasmer sur ces îles propices à une consommation effrénée des crèmes solaires. Le thriller qu'il  nous sert avec, comme à son habitude, une forte dose d'humour, procure néanmoins un véritable frisson à la fin de chaque chapitre.
La progression de son histoire aux résonances multiples (la série télé Le prisonnier, Jurassic Park, L'île du Dr Moreau etc..) réserve un plaisir constant voire addictif qui s'empare du lecteur enfermé, comme les Jensen, dans un univers qui sent fort le sable chaud. 
Impitoyable, Joseph Incardona s'amuse au paradis dans lequel il fabrique, en bon horloger, une mécanique diabolique remplie de petites roues crantées dans lesquelles se cache une bombe infernale nommée Famille...

Jeu de l'oie du Bassin d'Arcachon




A l'occasion de la sortie en librairie du
Jeu de l'Oie du Bassin d'Arcachon
les éditions Capucine
sont heureuse de vous inviter


MERCREDI 3 DECEMBRE à 17h30



autour d'un apéritif 
durant lequel Pierre Teissier le concepteur du jeu, 
Charles Daney l'auteur des textes, 
Frédérique Ruault le photographe 
et Mélissa Charrier l'illustratrice
vous présenteront ce nouveau jeu qui ne manquera pas de réunir 
petits et grands 
du Banc d'Arguin aux cabanes tchanquées en passant par des lieux incontournables ou méconnus !

dimanche 23 novembre 2014

Meursault, contre-enquête de Kamel DAOUD

Meursault, contre-enquête de Kamel Daoud, éditions Actes Sud, 19 euros

Cuisine interne, les prix sont finis.
Parmi les nommés, Kamel Daoud a longtemps fait parler de lui. En raison d'Albert Camus, bien sûr, le "héros" tel qu'il est souvent appelé dans Meursault, contre-enquête. Cela a joué pour et contre Kamel Daoud. 

Il est vrai que longtemps on ne sait où veut en venir Haroun le narrateur de Meursault, contre enquête. On comprend vite que celui-ci revendique être le frère de l'arabe tué dans L'étranger mais il se garde bien de citer le titre du livre. C'est une des clés narratives du roman qui ne cesse d'évoquer l'épisode central du grand livre de Camus, l'assassinat d'un arabe sur une plage d'Alger en plein soleil, il y a plus de soixante ans, par un français du nom de Meursault. Et c'est bien là le hic de cette histoire qui tourmente Haroun constatant avec effroi que si l'assassin porte un nom, la victime, elle, reste anonyme.

Nous prenons donc connaissance de l'histoire de Moussa, l'arabe tué en 1942 jamais nommé dans L'étranger. Plus précisément, nous écoutons l'histoire d'Haroun dont nous découvrons le tempérament et  les secrets qui l'accompagnent. Sa vie a traversé l'histoire de la jeune nation algérienne de 1962 à nos jours. Elle nous est racontée du fin fond d'un bar qui héberge chaque jour ce frère hanté par un mort, un martyr mais encore, longtemps étouffé par une mère amputée d'un fils au détriment d'un autre qui a eu le tort de rester en vie.
Ce fils restant, qu'a t-il fait de sa vie à l'ombre de ce frère, tué deux fois, dans la vie réelle, puis dans un livre ?

Kamel Daoud  n'instruit pas un procès à l'encontre de Camus, bien au contraire, il en épouse malicieusement le style (donc les thèses), notamment lors de l'interrogatoire subi par Haroun dans les jours qui suivirent l'indépendance de l'Algérie. Une forme de détresse apparaît chez lui, ponctuée par un vif désenchantement. S'adressant à un témoin invisible et muet, Haroun raconte ce qui pèse en son âme depuis ses plus jeunes années jusqu'à aujourd'hui où il passe pour un vieux fou.
Kamel Daoud procède par interpellation : "As-tu bien noté ? Mon frère s'appelait Moussa. Il avait un nom. Mais il restera l'Arabe, et pour toujours." 

Le lecteur, qui ne sait rien de cet arabe tué dans L’étranger, va connaître la face cachée de cette histoire, autrement dit, le point de vue algérien. Mais ce point de vue est dépourvu de haine, il évite tous les écueils du ressentiment facile. Nous sommes à l'opposé de la caricature qui se résumerait au bon arabe contre le mauvais français. Kamel Daoud est présenté par son éditeur comme le chroniqueur journaliste le plus lu en Algérie. 
Autant dire qu'il n'appartient pas, loin s'en faut, au mouvement islamiste intégriste qu'il égratigne voire provoque à maintes reprises. Meursault, contre-enquête est un livre courageux, conscient des risques encourus et de la mauvaise interprétation possible de son sujet.
Le jury du prix Goncourt, à une voix près, a failli prendre un autre risque, celui de récompenser un livre audacieux qui interpelle son lecteur.

samedi 15 novembre 2014

L'île du point Nemo de Jean-Marie BLAS de ROBLES

L’Île du Point Némo
L'île du Point Nemo de Jean-Marie Blas de Roblès, éditions Zulma, 22.50 euros

Diantre, quel roman ! Combien sont-ils à pouvoir rivaliser de la sorte ? 
Certes, Jean-Marie Blas de Roblès s'appuie fermement sur l’œuvre de Jules Verne et l'on a plaisir à recenser les hommages appuyés à Michel Strogoff, Cinq semaines en ballon, L'île mystérieuse, Vingt mille lieues sous les mers
Dans les airs, sur les mers, par le train, de Moscou à Pékin, de Biarritz à Sydney, les rebondissements se multiplient et une quête irréelle, fantasque et chimérique vous attend.

Des personnages atypiques surgissent quasiment à chaque chapitre, l'auteur jouant sur tous les registres possibles du roman d'aventure. Ce feu d'artifice permanent est contrebalancé (un chapitre sur deux) par une autre histoire située dans les confins du Périgord entre Domme et Sarlat. Elle constitue l'antithèse de cette folle poursuite menée à l'autre bout du monde. 

C'est donc en Dordogne que Jean-Marie Blas de Roblès brosse le portrait d'une époque dévolue à la lecture mais désormais confrontée à un présent numérique où les chefs-d’œuvre de la littérature sont compactés, mélangés, inversés. 
La fin du papier et l'avènement des liseuses dispensent aujourd'hui les lecteurs d'une libération et d'une prise de conscience envers le monde telles qu'elles furent vécues dans les manufactures de tabac notamment à Cuba où l'on fabriqua les meilleurs cigares en écoutant des lecteurs lire à haute voix les romans de Dumas, Hugo et Balzac. 
Cette tradition unique de lecture publique au travail, réelle ou inventée, constitue l'un des plus beaux passages du point de l'île de Nemo. 

Jean-Marie Blas de Roblès crée alors une métaphore magnifique à partir des personnages les plus immobiles qui soient, des lecteurs. Ce sont eux qui clôturent l'extravagante histoire de l'île du point Nemo. Arnaud, le dernier producteur de cigares du Périgord, des "Jean Valjean" appréciés à hauteur de ceux que l'on fabrique à Cuba, est parvenu à la perfection grâce à cette tradition des lectures publiques. Sa femme Dulcie en fut l'instigatrice, or celle-ci est en passe de quitter le monde, la voici plongée dans un coma profond, étendue nue dans sa parfaite beauté. 
Arnaud s'échine à lui parler encore, persuadé qu'elle entend tous ses discours, toutes ses histoires et croit en la force des livres pour ramener Dulcie à la vie. C'est le dernier défi de sa vie. 
Derrière Arnaud se dissimule le statut de l'écrivain qui ne sait ce que son lecteur entendra à son histoire, à son univers où se bousculent tant de personnages et tant d'aventures. 

Il est vrai que les références pullulent dans L'île du point Némo, mais Jean-Marie Blas de Roblès au lieu de nous assommer de cet infini littéraire, nous subjugue. Nous lisons à la manière d'un feuilleton ce roman exceptionnel qu'il faut lire par bribes et le laisser pour mieux s'en ressaisir et poursuivre l'épopée haletante aux ramifications extraordinaires.  

Notons, pour finir l'insertion, de sublimes respirations que nous offre l'auteur en hommage aux fameuses Nouvelles en trois lignes rédigées il y a plus d'un siècle par Félix Fénéon. 
En voici une d'ailleurs qui concerne les arcachonnais :  

"Choses qui sentent bon l'air marin. 

 A Arcachon, avenue des Goélands, le septuagénaire cleptomane ouvrait les voitures avec un couteau à huîtres." 

samedi 8 novembre 2014

La librairie fête ses 90 ans !!!

Parce que nous sommes des librairies indépendantes 
qui ont les mêmes valeurs, 
à l'occasion de nos 90 ans
 nous sommes très heureux de nous associer
 à La Librairie Georges de Talence 
qui elle souffle ses 110 bougies!

Les voyages formant la jeunesse
SAMEDI 29 NOVEMBRE de 10h00 à 12h00
nous vous invitons ainsi à découvrir le catalogue des éditions Elytis 
et à rencontrer plus particulièrement Stéphanie Ledoux 
dont les illustrations sont remarquables 
(pour en savoir plus sur elle, voici un lien que nous vous conseillons vivement: http://stephanie-ledoux.blogspot.fr/ )


C'est lors de l'apéritif qui suivra cette présentation 
du samedi 29 Novembre que nous vous dévoilerons 
le palmarès de notre fameux jeu "Le saviez-vous?" 
et remettrons ainsi les lots aux vainqueurs !!!

Merci de nous confirmer votre présence au plus tard le 19/11.

vendredi 31 octobre 2014

Le linge sale de RABATE et GNAEDIG

Le linge sale de RABATE et GNAEDIG aux éditions Vents d'Ouest, 19.50 Euros

Quelques cases suffisent à donner le ton de cette BD qui prône avec une ironie mordante et pourtant réaliste l'univers carcéral. Doucement, on s'oriente vers le personnage essentiel de l'histoire, un homme froid et déterminé, nanti d'une culture de lettré acquise durant les vingt ans qu'il a passé en prison.
Son exemplarité derrière les barreaux a payé mais derrière ses lunettes d'homme sans histoire demeure une idée vengeresse entretenue tout le temps de son incarcération. Aujourd'hui, cet homme sans qualités rumine une passion qui l'a auparavant rendu aveugle. Cette passion a pour nom Lucette (nous sommes en France, dans le dénuement d'une campagne proche de Cholet).
Lucette a refait sa vie avec l'homme qui, vingt ans avant, était son amant, un escroc à la petite semaine, chef d'un clan où chacun est toujours plus misérable que son prochain. C'est avec eux que Lucette dorénavant vit. Les répliques vont bon train dans Le linge sale et on ne sait qui d'Audiard (Touche pas au grisbi) ou du Splendid (Le père Noël est une ordure) l'emporte comme référence, toujours est-il que ces chez gens-là on ne manque d'aplomb. La vulgarité est exposée ici comme de la viande crue et cela en devient fascinant.
L'homme sorti de prison a vite fait de retrouver Lucette et ses acolytes. Il est hors de question qu'il refasse la même erreur qu'il y a vingt ans. Cette fois-ci, il va calculer, il va prendre son temps et ne pas tirer à l'aveugle et se tromper de cible lamentablement, comme il l'a fait la dernière fois. En effet, il avait débarqué dans la chambre d'un hôtel où il avait cru prendre sur le fait Lucette et son amant. Erreur fatale qui lui fit abattre dans l'obscurité, deux innocents qui batifolaient gaiement avant qu'il ne s'introduise dans leur chambre et fasse un mauvais carton. 
BD noire au possible, Le linge sale nous envoie chez ceux qui font le plus de peine à voir, les "losers", dans une France au plus bas, et on y croit...

samedi 25 octobre 2014

Le saviez-vous? Réponse à la DERNIERE question !

Pour cette ULTIME QUESTION DU JEU: 
 Combien êtes vous à être inscrit au blog depuis sa création?1- entre 100 et 2002- entre 200 et 3003- entre 300 et 400


Et bien aussi incroyable que cela puisse être nous sommes à 378 "abonnés" au blog!!!
Nous en profitons d'ailleurs pour tous vous remercier de votre soutien 
et vous invitons à réserver d'ores et déjà la date du samedi 29 Novembre 
pour fêter avec nous nos 90 ans (plus de précisions très prochainement) !

Laurence TARDIEU


Une vie à soi de Laurence Tardieu, éditions Flammarion, 18 euros

Une vie à soi fait irrémédiablement écho à Une chambre à soi de Virginia Woolf. Laurence Tardieu n'y fait pas allusion car la chambre de son enfance située dans un grand appartement parisien lui rappelle, au contraire de Virginia Woolf qui le rechercha en tant qu'adulte, comme un enfermement qu'on lui aurait imposé.
Laurence Tardieu aura vécu longtemps à l'abri dans un quartier bourgeois avant qu'elle ne décide elle-même de quitter ce statut social trop confortable et de "dégringoler".
C'est par l'écriture que son destin s'est fait. La déclaration faite aux parents, sitôt après l'obtention de ses diplômes, de vouloir écrire constitue l'officialisation de sa nouvelle condition à laquelle ni son père, ni sa mère ne se sont opposés.
Bien des années plus tard, la visite d'une exposition de la photographe américaine Diane Arbus à la galerie du jeu de paume bouleverse considérablement l'auteur. Un processus d'identification s'enclenche à partir de la biographie de l'artiste américaine décédée 40 ans auparavant.
Laurence Tardieu se met alors à étudier toute la production photographique possible de Diane Arbus. Le livre s'engage dans une voie sensible que l'on peut résumer à la construction de soi. Laurence Tardieu, à pas feutrés, reconsidère la lente et douloureuse épreuve que fut sa condition d'écrivain née à partir d'une enfance puis d'une adolescence silencieuse et craintive.
Diane Arbus sert de repère absolu à sa propre progression, elle y trouve des éléments biographiques troublants.
Dans ses livres, Laurence Tardieu a beaucoup composé avec sa propre vie jusqu'à provoquer une rupture avec son père après avoir écrit sur l'affaire de corruption dans laquelle il fut jugé puis condamné.
Ce livre-ci, sans être un bilan, marque un temps d'arrêt et une réflexion sur la condition d'un écrivain en proie aux difficultés financières, sentimentales et familiales.
Le parcours de Diane Arbus à New-York dans les années 50 puis 60 trouva en Amérique une constellation de personnages totalement atypiques à l'opposé de sa condition sociale et dont elle fit des portraits qui dérangèrent énormément ses contemporains (on alla jusqu'à cracher sur ses photographies lors d'une exposition). Cette trajectoire sur quoi Laurence Tardieu s'appuie pour en faire ressort des éléments romanesques quoique évanescents prennent soudainement corps dans les dernières pages de ce livre étrange et très attachant.
S'imposent alors une conviction et un ton nouveau. Laurence Tardieu touche un point limite qui correspond à la fin tragique de Diane Arbus. Le redressement intime et intellectuel de l'auteur, au moment où tout semblait s'écrouler, surgit à l'écoute de la leçon artistique de Diane Arbus, une forme testamentaire qui apporte un élan vivifiant à l'auteur.
Diane Arbus ne s'est pas suicidée pour rien, Laurence Tardieu, grâce à elle, à son héritage, n'a pas renoncé, elle poursuit la fabrication de son identité pour en faire définitivement Une vie à soi.

Lire en poche Gradignan 2014

Nous n'avions pas encore eu le temps de le faire mais nous savons que vous êtes friands de nos petits reportages photos: voici donc celui du salon Lire en Poche qui fut un très bon moment!

Un salon, ça commence à peu près comme ça.... (on vous épargne les discussions avec les éditeurs et les représentants un bon mois auparavant, les changements de dernière minute, la livraison des montagnes de colis, la course après LE titre qui est manquant chez le fournisseur et dont on a justement absolument besoin pour que l'auteur que nous avons sur notre stand ne soit pas au chômage technique...):


(petite anecdote sympathique qui n'arrive qu'à nous: c'est après avoir complètement fini le chargement de cette petite fourgonnette que nous nous aperçûmes qu'il y avait un clou dans un pneu arrière et que le véhicule penchait donc dangereusement... nous vous laissons imaginer la tête de celle qui avait chargé la petite quarantaine de colis de quelques 18 kgs chacun, le tout à 22h00... nous tenons donc ici à saluer chaleureusement le garagiste qui nous sortit de cette situation difficile le lendemain matin aux aurores!)


Ensuite le tout prend doucement forme: déchargement des colis chargés la veille, ouverture des colis avec pointage de chaque titre, vérification des prix, mise en place des tables et bien sûr des livres dans un ordre bien précis car, avec nous, un livre ne saurait être un peu trop à gauche ou un peu trop à droite!




 Et puis la magie opère....







Les auteurs sont heureux:






 Christian SIGNOL dans un exercice propre au salon, exécute consciencieusement une dédicace.


Jean-Claude LALUMIERE remarqué par son roman Le front russe s'habitue aux salons.


R.J. ELLORY (et son nouveau livre bien en vue) est très attentif à ses admirateurs.


 Mister Robert GODDARD and his wife, so happy !


Frédérique DEGHELT, stylo en main, porte une attention soutenue à son interlocuteur.


Goran HACHMEISTER (à gauche) et Richard BIRKEFELD (à droite), liés par leur destin d'écrivains ont bien aimé Gradignan.

Sorj CHALANDON ne s'arrêtant plus de dédicacer

Des éditeurs sereins:

Ni vu, ni connu, il y en a un qui veille au grain (au centre de la photo)!


Et bien évidemment des libraires heureux qui ont orchestré le tout!













L'histoire s'arrête là mais pas le travail car après il fallut repartir en ayant remis les livres invendus dans les cartons, puis dans la fourgonnette (qui avait toujours son clou), puis retour à Arcachon pour décharger à nouveau à la librairie tard le soir 
mais avec le soutien incontestable d'une visiteuse inattendue qui trouvait comme nous qu'une librairie, la nuit, ça a aussi beaucoup de charme:


lundi 20 octobre 2014

Le saviez-vous? Réponse à la question de la semaine dernière

" J'ignorerai toujours à quoi elle passait ses journées, où elle se cachait, en compagnie de qui elle se trouvait pendant les mois d'hiver de sa première fugue et au cours des quelques semaines de printemps où elle s'est échappée à nouveau. C’est là son secret."

De quel roman est tiré cet extrait de Patrick MODIANO 
(prix Nobel 2014 soit dit en passant) ?








il est extrait de Dora Bruder publié pour la première fois en 1997.

Moisson de Jim CRACE

Moisson de Jim Crace, éditions Rivages, 20 euros

L'année ne nous est pas donnée, jamais nous ne saurons à quel siècle cette histoire appartient. Pourtant il se joue dans ce livre un épisode crucial de la vie d'un village et de son mode de fonctionnement.

Le maître des lieux, par un mauvais coup du sort, se voit soudainement dépossédé de sa terre. Nous sommes en été, à la période des moissons, le village s'apprête à fêter la "reine des glaneuses" mais un incident va perturber les festivités. En effet, on a incendié une grange et  les restes de deux colombes ont été découverts. 
Walter Thirsk narre les faits dans une langue sage et poétique, il examine ses "prochains" sans pour autant les juger. Mais de par son observation, il devine quels villageois sont impliqués dans l'incendie. Or ce sont trois étrangers que l'on désigne promptement comme coupables. Une troupe se rend derechef à leur campement. Ils y découvrent deux hommes et une femme que le maître des villageois juge dans l'instant et fait clouer au piloris, selon la coutume. La femme, quant à elle, est simplement tondue..

Ainsi se résume le début de Moisson, un jugement hâtif qui va déclencher la perte d'une communauté vivant en autarcie. Nous apprendrons de Walter Thirsk, personnage ambivalent, les codes ancestraux de ces villageois confrontés à un bouleversement inattendu qui annonce leur mutation prochaine de laboureurs en éleveurs (de moutons).

Saluons la puissance verbale hors du commun de l'auteur, Jim Crace, qui nous propulse au cœur d'une contrée magistralement décrite ainsi que la vie paysanne, avec ses outils,  ses bêtes  et le pouvoir providentiel de la nature de faire monter les semences jusqu'à l'apothéose des moissons.
Jim Crace détaille cet équilibre redoutable entre l'homme (ses actions) et son environnement (ses réactions). 
Moisson, régi par un mécanisme inéluctable, tend vers le plus grand désœuvrement et soutient la comparaison avec Cormac McCarthy et J.M.Coetzee, signalée par l'éditeur en quatrième de couverture.

samedi 11 octobre 2014

La loi sauvage de Nathalie KUPERMAN

Recto
La loi sauvage de Nathalie Kuperman, éditions Gallimard, 19.90 euros

La loi sauvage ne prétend pas étudier la difficulté d'une femme à élever seule un enfant mais en révèle néanmoins des aspects primordiaux. Nathalie Kuperman expose ces derniers par des voies, tantôt détournées, tantôt frontales. 

Sophie, la narratrice de La loi sauvage, est, selon sa fille Camille qui l'assure à sa maîtresse en toute bonne foi, un écrivain. A ce propos, la liaison mère-fille-maîtresse constitue le fil directeur de La loi sauvage. Si la maîtresse, au sujet de Camille, déclare à Sophie "votre fille, c'est une catastrophe...", elle semble ignorer, dans son irresponsabilité plus tard avérée, les effets dévastateurs et irréparables qui opèrent chez Sophie.

Sophie n'est d'abord pas un écrivain, elle rédige des notices d'utilisation pour un fabricant d’électroménager. Et voici que le roman glisse vers une démonstration jubilatoire qui n'est pas sans rappeler l'obsédant Univers, univers de Régis Jauffret. Une mécanique du rire s'enclenche à la lecture du mode d'emploi que Sophie consacre à un four électrique. Nathalie Kuperman dose savamment ses digressions liées à cette mise en marche du four électrique pendant que sa fille Camille joue dans la baignoire.

De la salle de bain, Sophie entend moult scénarios plus cruels les uns que les autres que Camille applique à ses poupées et autres jouets d'accompagnements. Camille, encore, chante à tue-tête la Marseillaise si sa mère l'interroge sur sa journée passée à l'école; Camille toujours que Sophie doit rassurer à propos de tout et n'importe quoi. Sophie aussi,  qui s'applique quant à elle à faire ressortir un terrible traumatisme d'école. Sans compter chez Sophie enfin, l'absence du géniteur qui a quitté soudainement le domicile conjugal et qui ravive des sentiments amoureux chez cette femme solitaire au bord de la crise.

Ultime parade à ce désarroi, la vie rêvée de la maîtresse que Sophie se raconte dans un esprit vengeur.
La loi sauvage est l'univers triste et drôle d'une femme dont la vie ne tient que par l'amour de sa fille. On imagine que nombreuses sont celles qui peuvent s'identifier à elle.

Le saviez-vous? Réponse à la question de la semaine dernière

alt=Description de cette image, également commentée ci-après 

Le troisième tome de la série Le siècle est enfin paru sous le titre Aux portes de l'éternité. Son auteur est mondialement connu, Ken FOLLETT, mais quel est son pays natal : 1 Pays de Galles, 2 Ecosse, 3 Angleterre, 4 Irlande du Nord ?

Voilà ce qu'atteste le site Wikipédia consacré au bon vieux Ken !


Ken Follett
Activités romancier
Naissance 5 juin 1949 (65 ans)
Cardiff, Drapeau du Pays de Galles Pays de Galles

samedi 27 septembre 2014

Le saviez-vous? Réponse à la question de la semaine dernière

Quel est le nom du salon de littérature 
qui va avoir lieu les 3, 4 et 5 octobre à Gradignan?


Ce salon dédié aux livres au format poche se nomme astucieusement... "Lire en Poche"!
Pour fêter dignement sa 10ème édition 
nous sommes heureux d'accueillir sur le stand que nous tiendrons sur place 
durant ces 3 jours:
- en littérature française:
Sorj CHALANDON, Fabrice COLIN, Frédérique DEGHELT, 
Jean-Claude LALUMIERE, et Christian SIGNOL
- en littérature étrangère:
Richard BIRKEFELD et Göran HACHMEISTER, R.J. ELLORY, et Robert GODDARD

Découvrez le programme ainsi que la liste de tous les autres auteurs participants

La peau de l'ours de Joy SORMAN

La peau de l'ours de Joy SORMAN aux éditions Gallimard, 16.50 euros.

Il y a un effet d'envoûtement à la lecture du roman de Joy Sorman, La peau de l'ours. Un effet qui œuvre peu à peu sous des airs de conte immémorial.

La bête issue d'un accouplement légendaire est l'un beaux épisodes du livre où l'on voit une jeune et jolie villageoise s'enfoncer dans la forêt où elle va être enlevée puis séquestrée par un ours qui voulut en faire sa femme.
Voilà qui précède et annonce la vie de l'enfant ours en un temps où les hommes vivaient en un commun accord avec les bêtes, chacun respectant le territoire de l'autre mais cette règle, un jour, fut transgressée par amour..

Suivent les pérégrinations de cet ours grognant et rugissant chez les humains tout en développant un cerveau doté d'une réflexion cachée sous ses apparats d'animal. L'ours, nous rappelle t-il puisqu'il est le narrateur de son histoire, était, avant l'émergence du lion, le roi des animaux. On le vénérait, on le craignait, on le trouvait majestueux et donc très beau. Mais ici, dans une époque qui n'est jamais située et qui permet de marcher sur les siècles, l'ours est banni par les villageois tout comme sa mère que l'on expédie dans un couvent. L'ours, lui, est vendu à un forain de passage, à un "montreur d'ours". Dès lors nous assistons à la vie tourmentée d'un être pourtant docile et doué qui n'aspire qu'à la paix et à la tranquillité. Bête de scène, on le voit jongler, patiner puis saluer. Il conquit aisément son public. Bientôt il rejoint un cirque où il rencontre des êtres dont il se sent infiniment proche, des géants, des nains, des femmes énormes ou minuscules ou d'un âge sidérant.

Cette histoire de l'animal conquis par l'homme, Joy Sorman la décline sous ses turbulences psychologiques, ses attentes et ses désirs. 
Au lieu d'un essai, le roman procure une empathie envers la condition animale. La fin du livre est à ce sujet un exemple fort de cette approche vue de l'intérieur. L'ours vit parmi ses congénères dans un zoo, ce qui ne peut être très réjouissant. Joy Sorman  mène là le combat de la réhabilitation des animaux sauvages. Nul doute que La peau de l'ours est un manifeste, résultat probant d'un pari osé et réussi.  

samedi 20 septembre 2014

Le saviez-vous? Réponse à la question de la semaine dernière

A quel incontournable rituel se livre chaque année la librairie les derniers jours de septembre (voire les premiers jours d'octobre)?

Mais à l'inventaire bien sûr 
qui aura lieu cette année 
lundi 29, mardi 30 septembre et mercredi 1er octobre!
Alors si contrairement à notre ami Gaston nous ne risquons pas de nous endormir durant ces 3 jours,
 nous n'en vivrons pas moins un merveilleux moment de bonheur
 (et là je parle sans aucune hésitation au nom de toute l'équipe!): 
tous nos petits livres sans exception passeront entre nos mains 
et les égarés retrouveront le chemin de leur étagère initialement prévue... 
le vrai BONHEUR on vous dit!
Pour un tel travail, la librairie fermera donc ses portes:
- la journée du lundi 29/09
- la journée du mardi 30/09
- le matin du mercredi 1/10
Réouverture prévue mercredi 1/10 à 14h30
Pensez à prendre vos précautions si vous souhaitez nous commander des livres ou venir les chercher car durant cette période il nous sera impossible d'ouvrir la librairie.

Madame de Jean-Marie Chevrier

 Madame de Jean-Marie CHEVRIER aux éditions Albin Michel, 16 euros.

Madame de La Villonière née La Terrade focalise l'attention à l'entame du livre de Jean-Marie Chevrier. Femme de caractère, gardienne de valeurs attachées à la vieille noblesse française, recluse dans son château fort bâti au temps des croisades, elle braque l'attention tant on ignore à quelle sorte de femme nous avons affaire.

Nous la découvrons donnant une leçon de grammaire à "Willy", le garçonnet du couple de fermiers qui entretient son domaine. Nous ne savons encore si Madame est une peau de vache ou une bonne fée qui s'attache à éduquer ce fils de rien à qui elle veut apprendre les bonnes manières.

Madame monopolise le récit avant que ne s'éveille la conscience de "Willy" qui en vérité s'appelle Guillaume. Guillaume en effet qui ne cesse d'aller et venir de la ferme au château, accentue peu à peu son pouvoir sur Madame au grand dam de ses parents toujours et encore asservis à leur "patronne".
Guillaume, au contraire, constate le grand délabrement du château, l'extrême solitude de Madame qui va perdre en chemin sa vieille servante Augustine. Une visite du frère de Madame éclaire l'histoire de cette famille vaincue par le temps car la lignée va s'arrêter là, il n'y aura pas de descendance. Le frère est un médecin richissime et célibataire et Madame est veuve et sans enfant.

Jean-Marie Chevrier a réussi son portrait complexe d'une femme démunie qui s'accroche tant bien que mal à son rang. C'est un enfant qui parvient à lui redonner foi en la vie, un enfant de douze ans que l'auteur a également saisi à merveille dans ce jeu d'influence qui finira par révéler les secrets enfouis au plus profond du cœur de Madame.

"Willy est inquiet. Il se dandine d'un pied sur l'autre, ne sachant pas ce qui l'attend et s'il doit obéir ou s'opposer.
- Tu m'énerves, lui reproche Madame, avec tes airs de pénitent.
Il se reprend, lève la tête, lui sourit. Il sait qu'elle ne résiste pas à son sourire, à sa bouche de petit faune et qu'il lui suffit de plisser ses yeux dorés pour qu'aussitôt son agressivité fonde comme neige au soleil. Un instant elle résiste à l'envie de le serrer dans ses bras."

salon Polar en cabanes Gujan Mestras 26 - 27 - 28 septembre 2014

Manifestation littéraire organisée par l’Association Polar en Cabanes - Les Amis de Chester Himes sur le Bassin d’Arcachon, la Médiathèque Michel Bézian et le Service Culturel de la ville.

Le thème sera "Guerre et polar", en cette année de commémoration du début de la guerre de 14-18. Et la liste des invités s’en ressent. Il y aura d’abord Didier Daeninckx. Il s’imposait puisque son œuvre considérable s’est en partie construite sur la Guerre de 14-18 (Le Der des ders), de 39-45 (La Mort n’oublie personne), ou d’Algérie (Meurtre pour mémoire).

Il sera accompagné par Thierry Bourcy dont les polars se déroulent pendant la guerre de 14-18, mais aussi par deux auteurs allemands, Richard Birkefeld et Göran Hachmeister, qui ont écrit plusieurs romans policiers sur l’Allemagne au XXe siècle, l’un situé à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, et l’autre sur l’entre-deux-guerres, avec d’anciens combattants de la Première Guerre.

Ils ne seront pas seuls parce que sont aussi annoncés plusieurs noms importants du roman noir français, Thomas Arden, Stéphanie Benson, Sylvie Escande, Jeanne Faivre d’Arcier, Sébastien Gendron, Hervé Le Corre, Marin LedunDominique Manotti, Roger Martin, Claude Mesplède, Alain Poirrier, Guy Rechenmann, Danielle Thiery.

Côté BD, Mako, qui a travaillé plusieurs fois avec Didier Daeninckx, sera là ainsi que le désormais gujanais Jean-Claude Bartoll, Paul Ceppi, Nathalie Bernard et Pops, Max Ducos, Philippe Caupenne.

Plusieurs débats porteront sur les rapports entre guerre et polar, mais aussi sur Louis Guilloux qui a écrit sur la Grande Guerre (Le Sang noir) et sur l’après-guerre 39-45 (Ok Joe !), sur la littérature populaire pendant la Guerre de 14-18 (Arsène Lupin, etc.) et bien entendu sur Chester Himes.
 



Nouveauté cette année avec un rallye à énigmes : "La belle évasion ou les 7 clefs pour se faire la malle" initié par Dominique DAYAU, romancier, et son complice Roger. Télécharger le règlement du rallye

Et retrouvez bien évidemment sur le salon un stand de livres tenu notamment par nos amis de La Machine à Lire où officie désormais Olivier Pène, libraire que vous avez déjà eu l'occasion d'écouter lors des rencontres Polar de la Médiathèque de Gujan-Mestras!

samedi 13 septembre 2014

Le saviez-vous? Réponse à la question de la semaine dernière

Dans la première sélection du Goncourt dévoilée cette semaine: quel est l'éditeur qui a mathématiquement le plus de chances de remporter le trophée?





Réponse mathématique: les éditions Gallimard qui ont 4 auteurs en lice dans cette première sélection définie le 4 septembre dernier et où Emmanuel Carrère manque particulièrement.... 
Il faut croire qu' à cette date le monde littéraire avait décidé de nous faire beaucoup de surprises puisque c'est aussi à cette date qu'est sorti le livre d'une certaine Valérie...!

Voici la sélection pour ceux qui n'auraient pas suivi l'affaire:
Adrien Bosc Constellation Stock
Kamel Daoud Meursault, contre-enquête Actes Sud
Grégoire Delacourt On ne voyait que le bonheur JC Lattès.
Pauline Dreyfus, Ce sont des choses qui arrivent Grasset
Clara Dupont Monod Le roi disait que j’étais diable Grasset
Benoît Duteurtre L’ordinateur du paradis Gallimard
David Foenkinos Charlotte Gallimard
Fouad Laroui Les tribulations du dernier Sijilmassi Julliard
Gilles Martin-Chauffier La femme qui dit non Grasset
Mathias Menegoz Karpathia POL
Eric Reinhardt, L’amour et les forêts Gallimard
Emmanuel Ruben La ligne des glaces Rivages
Lydie Salvayre Pas pleurer Seuil
Joy Sorman La peau de l’ours Gallimard
Eric Vuillard Tristesse de la terre Actes Sud

Le léopard d'argent d'Anne Samuel

Le Léopard d'argent: Tome 1, Les lueurs de traverse, Anne Samuel, éd. Les Petites moustaches, 13€. (A partir de 9 ans).



La jeune Mona sent bien qu'un lourd secret pèse sur ses origines! Le jour de son treizième anniversaire, elle va se retrouver projetée presque mille ans en arrière, à la cour d'Aliénor d'Aquitaine.
Au terme d'un jeu de piste effréné, accompagnée de son nouvel ami, Colin, apprenti orfèvre au service de la reine, elle découvrira que son voyage dans le temps n'a rien d'une coïncidence et percera le mystère qui entoure sa naissance.
De Bordeaux à la citadelle de Blaye, en passant par La Sauve-Majeure, on se laisse entrainer dans cette course à travers les siècles au coeur de notre belle région.
Un bon roman d'aventures, drôle et intelligent...vite, la suite!!!

L'écrivain national de Serge JONCOUR

L'écrivain national de Serge JONCOUR aux éditions Flammarion, 21 euros. 
Serge Joncour a séjourné à Donzières, une petite ville du Morvan, dans le cadre d'une résidence d'auteur. Reçu par un couple de libraires, logé à l'hôtel du Monarque sur la place principale où se tient chaque mercredi le marché. C'est là que l'on s'informe et disserte sur l'affaire de la disparition du patriarche Commodore. 

Serge Joncour découvre les détails de cette affaire dans le journal local. Surtout, il s'éprend du visage de la jeune femme photographié pour l'article, une certaine Dora, compagne d'Aurelik que la police suspecte et qui est emprisonné suite à l'enquête de la disparition du vieux Commodore au lieu-dit de l'Epeau. En effet, on a eu tôt fait d'accuser les voisins de Commodore, Dora et son compagnon, ce dernier confondu par une tâche de poudre sur les doigts.

Défini par le maire de la ville en tant qu'écrivain national, Serge Joncour est tenu par des obligations mondaines où il ne cesse d'intriguer et de décevoir. Cette affaire Commodore l'obsède et plus précisément la belle Dora. A bord du véhicule que lui prête les libraires, il vient chaque jour à l'Epeau et s'en retourne chaque jour traumatisé par les rencontres occasionnées. 
Les rendez-vous chez monsieur le maire, à la bibliothèque, à la librairie ou encore à son hôtel sont tronqués par ses incessantes expéditions à l'Epeau. Toute la ville sait que "l'écrivain national" occupe son temps auprès de Dora. 
De cette atmosphère fortement provinciale, Serge Joncour questionne le rôle de l'écrivain, son statut auprès des gens de peu. Le rayonnement de celui qui a pouvoir d'écrire, dont on publie les livres, est une source d'admiration chez autrui, de vénération parfois et de convoitise encore mais également de sarcasmes et de rejets. Les doutes de Serge Joncour refont surface et s'ouvrent en lui de régulières crises d'identité. 
La population de Donzières, refermée sur elle-même comme s'il y avait mille secrets à préserver, est composée, tout compte fait, de personnes vers qui il faut aller afin d'ouvrir leur carapace. 
C'est ainsi que "l'écrivain national" élucidera l'affaire Commodore, qu'il comprendra les tourments de Dora tout comme les habitants de Donzières retrouvés à la toute fin du livre, sur la place du marché où trône en grand seigneur "l'écrivain national" à la terrasse d'un café.

Subtil et prudent, Serge Joncour, en réponse à ses lecteurs rencontrés à Donzières, élude quant à la réalité de ses histoires. Ses secrets de fabrications restent intacts et d'ailleurs Donzières n'existe pas.