samedi 14 septembre 2013

Comme les amours de Javier MARIAS

CouvertureComme les amours de Javier MARIAS aux éditions Gallimard, 22,50 euros.

Les romans de Javier Marias ont une progression narrative très particulière qui fait office de frein et empêche toute précipitation à la compréhension psychologique de l’âme humaine. Maître Marias s’attache à des histoires qui peuvent mettre à l’épreuve l’impatience du lecteur mais celle-ci est contrecarrée par une nonchalance qui se déploie autour d’un abîme avec lequel le romancier madrilène joue tel le chat avec la souris.
L’observation d’un couple à l’apparence heureuse par une jeune femme installée dans un café déclenche le discours de celle-ci. A distance, elle se repaît de l’amour serein qui se dégage de ces amoureux dont elle se croit invisible et qui, à son insu, la surnomme « la jeune prudente ». Cette retenue, décidée par l’auteur, préserve la jeune femme au moment où le couple dont elle envie le bonheur va sombrer dans la tragédie. En effet, la mort soudaine et incompréhensible du mari va mêler cette spectatrice/narratrice au plus près de l’épouvantable destin du couple par le côtoiement de celui qui a peut-être tout ordonné en un « assassinat, pas davantage ».
Cette citation tirée des Trois mousquetaires d’Alexandre Dumas est une justification trouble et sidérante dont s’accommode le meurtrier qui désormais occupe toutes les pensées de la jeune femme car les raisons de son crime sont évidemment plus passionnante que le crime lui-même.
De cette odyssée profonde le lecteur ressort marqué et néanmoins heureux d’avoir vogué sur les phrases d’un des écrivains les plus charmeurs de notre temps.

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