samedi 28 janvier 2012

L'éclaircie de Philippe SOLLERS

L'éclaircie de Philippe SOLLERS aux éditions Gallimard, 17,90 euros.


Philippe Sollers est un écrivain bordelais, il est toujours bon de le rappeler. Et d'ailleurs Sollers lui-même se charge de nous dire la fierté de ses années bordelaises, de la beauté de Bordeaux, quitte à convoquer Stendhal qui hissa la ville très haut dans son appréciation des villes françaises. Sollers donc aborde L'éclaircie par un vif retour sur lui-même, sur son enfance à l'ombre d'un cèdre régnant dans le parc de sa maison talençaise. Dans ce parc, la soeur de Philippe Sollers, dénommée Anne, jouait avec lui. Une soeur plus grande dont la vie se révèle peu à peu dans les souvenirs de son frère mais aussi dans l'amour qu'il lui portait, un amour quasi charnel. Cela, Sollers l'écrit désormais car sa soeur est morte. En une page pudique et sombre il écrit ce départ qui va lancer son livre car le noyau central qu'est l'évocation d'Anne, soeur et amante manquée, est placé entre deux lignes qui sont directrices. L'une s'appellent Manet, l'autre Picasso. Lignes droites et parallèles mais non continues. Les deux génies picturaux vont être travaillés par Philippe Sollers dans la prépondérance de l'univers féminin qui les constitue. Des muses, des maîtresses et des soeurs...
Enfin, cette architecture imaginaire est traversée, "transversée", par une ligne ferme et maintenue contenant Casanova, marotte absolue de l'écrivain, Lucy, femme de mystères et Sollers lui-même, l'heureux homme de la rue du Bac qui dans un studio de circonstance attend régulièrement les quelques heures d'amour et de conversation  passées avec Lucy.
Le décor et les personnages bien fixés, le théâtre sollersien s'anime. Il peut-être déroutant par la rapidité d'éxécution des scènes mais demeure précis, sûr et déterminé. L'écriture de Philippe Sollers est, depuis longtemps, une forme mouvante, adaptée et adaptable au flux contemporain. Ainsi peut-on en apprendre beaucoup sur le microcosme parisien que Sollers, souterrainement, visite en observateur privilégié. Le roman, lui, est ailleurs puisqu'il s'agit d'un roman. Manet et Picasso en sont les protagonistes. L'art en est le sujet et l'amour, la quête ultime. A l'arrière, devant, partout, Sollers tire les ficelles: il ordonne, distribue, administre, couve ses personnages tel un Gepetto fasciné par sa marionnette. Ainsi nous avons droit à une représentation qui, bien mieux qu'un spectacle, nous instruit de ce que le maître des lieux veux bien nous apprendre.

Littérature étrangère, top départ !

La voici qui montre elle aussi le bout de son nez, la rentrée de janvier nous amène quelques poids lourds supplémentaires venus cette fois-ci de l'étranger. Reconnaissons que nous les aimons bien ces romanciers qui le plus souvent renouvellent considérablement nos horizons de lecture. La sélection d'aujourd'hui ne tient compte que des livres parus, voilà qui nous obligera à revenir sur le motif...


Un homme de tempérament de David LODGE aux éditions Rivages, 24,50 euros.







Le premier à avoir frappé à notre porte n'est autre que David LODGE, le meilleur détracteur des vies universitaires anglaises. Aujourd'hui, débarrassé des frasques des professeurs qu'il a longtemps cotoyés, il s'introduit dans la vie des auteurs. L'auteur ! l'auteur ! avait abouti aux désillusions théâtrales du grand romancier Henry James; Un homme de tempérament s'engage résolument quant à lui dans la vie quelque peu débridée mais totalement assumée de H.G. Wells. Cette bonne nouvelle était incontournable. Entrez donc Mister Lodge !


Dans la grande nuit des temps d'Antonio MUNOZ MOLINA aux éditions Seuil, 23 euros.
Autre écrivain d'envergure mais un peu moins célébré, l'espagnol Antonio MUNOZ MOLINA a créée son grand roman républicain scellé par le sort d'un architecte en exil au moment où la guerre d'Espagne rend son verdict. On peut toujours gloser sur le fait que cette guerre a été maintes et maintes fois traitée en littérature, surtout depuis que cela est autorisé de l'autre côté des Pyrénées et que les langues se délient. Il n'empêche que les grands écrivains qui ont du souffle et de grandes histoires à raconter n'ont pas à s'attarder sur ces considérations oublieuses ni à s'économiser sur des sujets si puissants. Ce livre est donc indispensable pour qui s'intéresse à la littérature espagnole.


Tout ça pour quoi de Lionel SCHRIVER aux éditions Belfond, 23 euros.
500 pages et plus, le livre de Lionel SCHRIVER (qui est une femme) continue de faire peser sur la librairie l'impressionante tendance aux livres longs qui s'instaure depuis quelques années aussi bien en France qu'à l'étranger. Lionel SCHRIVER est l'auteur inoubliable d'Il faut qu'on parle de Kevin. Avec Tout ça pour ça, l'introspection continue quant au marasme sociétal américain. L'assistance aux malades, la couverture des soins est cette fois le grand thème de cette romancière dont un compte-rendu prochain donnera une meilleure compréhension de son importance.  



La veuve enceinte, les dessous de l'hitoire de Martin AMIS aux éditions Gallimard, 27 euros.
En découvrant la couverture du dernier roman de Martin AMIS, nous bénéficions du résumé tout-à-fait réussi de son atmosphère. Italie, château aristocrate, déniaisement et histoires grivoises d'un été en 1970 sont abordés plus ou moins autobiographiquement par un écrivain anglais qui sentit le soufre tout au long de sa carrière. Attention, cela ne veut pas dire qu'AMIS n'est pas écrivain de talent, il y a des lecteurs qui attendent ses livres comme le messie.
Cet ennemi direct de Julian BARNES (autre idole anglo-saxonne) compose habilement avec sa réputation et l'âge aidant, une sincérité heureuse suinte de chacun de ses livres, le cynisme faisant place à un désarroi certain.



Le nom de la rose d'Umberto ECO aux éditions Grasset, 22,90 euros.
Enfin, dernière lubie éditoriale, après la généreuse et bonne idée de retraduire prestement les classiques vieillissants (Robinson Crusoë dernier en date), voici venu le temps des réécritures de best sellers par leurs propres auteurs. Umberto Eco avoue être mécontent de son Nom de la rose paru il y a trente ans. Quelques imperfections stylistiques et un ou deux anachronismes certes trés érudits empêchaient de dormir le linguiste italien. La chose est réparée, le chef-d'oeuvre du maître est définitivement lisible, aérée, "délatinisé" ou presque.

Un tout petit rien qui change tout, Eva Bourdier, éditions reflets d'ailleurs,13€ (jeunesse)

Un tout petit rien qui change tout, Eva Bourdier, Editions reflets d'ailleurs, 13€

Comme le grand sage s'ennuie tout seul, il crée les animaux. Il choisit soigneusement leur forme, leur taille, leur couleur. Les animaux sont heureux et reconnaissants et ils se lancent dans une farandole colorée pour remercier leur créateur. Mais un jour, le sage a une idée bien saugrenue! Il donne vie à un être minuscule qui va chambouler le bel équilibre: la MOUCHE! Elle pique, elle mord, elle agace,  elle tournicote... Ses compagnons ne peuvent plus supporter cette empêcheuse de tourner en rond, ils demandent réparation! Le grand sage est bien ennuyé: il ne peut défaire ce qu'il a fait. Mais, tout à coup, lui vient une idée de génie: un tout petit détail, une toute petite chose, un tout petit rien... qui change tout!
Un joli conte du Burkina Faso, qui revisite la création du monde avec tendresse et humour...

samedi 21 janvier 2012

Samedi 28 janvier, 11 h00, Hervé LE CORRE & Olivier PENE à la médiathèque de Gujan-Mestras

Polar session n°3 à la médiathèque de Gujan-Mestras où viendront officier Hervé LE CORRE & Olivier PENE, grands éclaireurs du genre. Les nombreuses personnes présentes lors de leur dernière prestation s'en souviennent, le duo aime reprendre les classiques et dégager les grandes lignes de leur(s) définition(s) du roman noir. Il y a chez eux toujours matière à digresser, et donner en avant-première la liste des livres qu'ils viendront défendre ne les empêchera pas de rebondir vers des horizons tout autres. Bref, nos deux orateurs n'ont pas leur pareil pour vous amener à découvrir des auteurs qu'ils savent brillamment évoquer. Il ne s'agit nullement d'un cours magistral mais plutôt d'une conversation non dénuée d'humour. Il faut croire qu'ils se sentent particulièrement à l'aise dans le cadre qui leur est offert à la médiathèque où l'on constate à chaque fois pour le polar l'intérêt grandissant de son public. Et ce n'est pas fini !



Le démon dans ma peau de Jim THOMPSON aux éditions Folio policier, 5.70 euros.                                                                                                                         "C'est un tueur, un psychopathe dangereux et violent qui aime battre les femmes, un monstre sans conscience. C'est un flic. il est le narrateur de ce roman très noir qui nous fait pénétrer dès les premières pages dans l'esprit malade de Lou Ford, shérif adjoint à central city. Un grand thriller. "



Warlock d'Oakley HALL aux éditions Rivages Noir, 10.50 euros.                              "La ville de Tombstone en Arizona durant les années 1880 est, à plus d'un titre, notre Camelot national - une terre fabuleuse où les vertus de l'Amérique s'incarnent dans les frères Earp et ses maux chez les membres de la bande des Clanton ; terre imaginaire aussi, où l'affrontement d'OK Corral revêt un peu de la pureté dépouillée des joutes arthuriennes. Dans son excellent roman Warlock, Oakley Hall rend son humanité véritable, sanglante et mortelle au mythe de Tombstone. Wyatt Earp s'y métamorphose en un tireur d'élite nommé Blaisedell qui, en partie à cause de l'image agrandie donnée de lui dans les magazines spécialisés sur le Far West, pense qu'il est un héros. Et c'est parce qu'il croit en ce héros que le Comité des citoyens exaspérés de Warlock fait appel à lui. Mais lorsqu'il découvre qu'il ne peut répondre à ces attentes, Blaisedell est obligé de reconnaître ses failles, son abîme intime n'étant pas si éloigné de celui qui règne en ville. Avant même que ne s'achève l'angoissante épopée du livre [...], Warlock doit reconnaître que ce que l'on nomme la société et l'état de droit sont des concepts aussi fragiles et précaires que la chair, voués à retourner à la poussière des déserts aussi rapidement qu'un cadavre. C'est la sensibilité profonde de Warlock aux abîmes qui fait de cet ouvrage un grand roman américain. "



    
Un pays à l'aube de Dennis LEHANE aux éditions Rivages Noir, 10.64 euros.
"L'Amérique se remet difficilement de la Première Guerre mondiale. De retour d'Europe, les soldats entendent retrouver leurs emplois, souvent occupés en leur absence par des Noirs. Mais l'économie est ébranlée, et la vie devient de plus en plus difficile pour les classes populaires. Sur ce terreau fleurissent les luttes syndicales et prospèrent les groupes anarchistes et bolchéviques, ainsi que les premiers mouvements de défense de la cause noire. En 1918, Luther Laurence, jeune ouvrier noir de l'Ohio, est amené par un étonnant concours de circonstances à disputer une partie de base-ball face à Babe Ruth, étoile montante de ce sport. Une expérience amère qu'il n'oubliera jamais. Au même moment, l'agent Danny Coughlin, fils aîné d'un légendaire capitaine irlandais de la police de Boston, est chargé d'une mission spéciale par son parrain, le retors lieutenant McKenna : infiltrer les milieux syndicaux et anarchistes. A priori Luther et Danny n'ont rien en commun. Le destin va pourtant les réunir à Boston en 1919, l'année de tous les dangers. Dans cette ville où la révolte gronde, la grève des forces de police va mettre le feu aux poudres... "


Le dahlia noir de James ELLROY aux éditions Rivages noir, 9.45 euros.
"Le 15 janvier 1947, dans un terrain vague de Los Angeles, est découvert le corps nu et mutilé, sectionné en deux au niveau de la taille, d'une jeune fille de vingt-deux ans : Betty Short, surnommée " Le Dahlia Noir " par un reporter, à cause de son penchant à se vêtir totalement en noir. Le meurtre est resté l'une des énigmes les plus célèbres des annales du crime en Amérique. "


Chasseurs de tête de Jo NESBO aux éditions Folio policier, 6.80 euros.
"Le narrateur, Roger Brown, se considère comme le meilleur chasseur de tête de Norvège. Utilisant les questionnaires du FBI, il fait subir aux candidats de véritables interrogatoires et ne laisse aucune place au hasard. Mais Roger a une faiblesse : sa femme Diana qui lui coûte très cher... Voiture de luxe, vêtements de marque, loft de 300 m2, galerie d'art et vernissages au champagne, tout cela a un prix élevé. Pour financer sa vie privée, il dérobe avec l'aide d'un complice des toiles de maître chez ses clients. Mais le jour où il décide de voler un Rubens à Clas Greve, qui semblait pourtant avoir le profil du parfait pigeon, les choses se gâtent. De chasseur, Brown devient la proie et le pigeon se révèle être un terrible prédateur. Nesbo reprend le thème du chasseur chassé et en démonte le mécanisme avec jubilation ; à tel point que Roger Brown, pourtant très antipathique, finit par inspirer la compassion. "





Ma part d'ombre de James ELLROY aux éditions Rivages noir, 10.50 euros.
"Ma part d'ombre est le récit d'une double enquête que mène Ellroy sur l'assassinat de sa mère, tuée le 22 juin 1958, et sur sa propre vie d'enfant orphelin, d'adolescent perturbé et d'écrivain hanté. Voyage à travers ses souvenirs les plus secrets, ce livre est aussi un reportage sur le crime en Amérique, et en particulier les meurtres de femmes, d'autant plus saisissant qu'Ellroy a travaillé aux côtés d'un policier de la brigade criminelle de Los Angeles, Bill Stoner, qui a tissé des liens de plus en plus forts avec l'auteur au fil des mois."




1275 âmes de Jim THOMPSON aux éditions Folio policier, 5.70 euros.
"Je m'appelle Nick Corey. Je suis le shérif d'un patelin habité par des soûlauds, des fornicateurs, des incestueux, des feignasses et des salopiaux de tout acabit. Mon épouse me hait, ma maîtresse m'épuise et la seule femme que j'aime me snobe. Enfin, j'ai vague idée que tous les coups de pied qui se distribuent dans ce bas monde, c'est mon postère qui les reçoit. Eh bien, les gars, ça va cesser. Je ne sais pas comment, mais cet enfer va cesser. "






Voleurs de Christopher COOK aux éditions Folio policier, 10.40 euros.
"Eddie et Ray Bob roulent vers le sud, sans destination particulière. Deux potes qui se promènent tranquillement par une belle journée ? Pas vraiment. Quand Eddie veut acheter des cigarettes dans un drugstore, il dégaine son revolver. Tout droit sortis de l'univers des frères Coen, Eddie et Ray Bob vont accumuler les meurtres, ce qui ne les empêche pas de philosopher sur l'état du monde. Leur route va bientôt croiser celle de Della, une femme tout aussi redoutable qu'eux, dont l'apparition ne tarde pas a semer la zizanie entre les deux compères. Premier roman de Christopher Cook, Voleurs est un vrai coup de poing, avec ses personnages inoubliables et son style incroyablement inventif. Cette farce sanglante et absurde est le reflet d'une certaine Amérique, celle qu'ont dépeinte Faulkner, Cormac Mccarthy, ou encore Harry Crews."










Un week-end hors librairie


Vous ne serez certainement pas surpris d'apprendre qu'une de nos priorités à la librairie est de faire vivre les livres. Et si c'est ce que nous essayons de faire chaque jour en nos murs, nous faisons aussi en sorte de pouvoir saisir toute occasion qui se présente à nous pour montrer à quel point le livre (mais aussi le libraire!) reste indispensable aujourd'hui.

C'est ainsi que le hasard du calendrier a voulu que le week end dernier soit riche en rencontres et discussions !
Tout a commencé au Lycée de la Mer de Gujan-Mestras où avait lieu la deuxième rencontre de l'année autour du Prix des Lycéens qu'organise la Médiathèque de Gujan-Mestras avec la participation des Amis de la Bibliothèque, de l'association Lire et Délire(s) et de la librairie.
Les élèves des 4 lycées (Condorcet, Grand-Air, Saint-Elme, de la Mer) ont ainsi pu débattre des titres en lice: Le Coeur Régulier d'Olivier Adam, Le Front Russe de Jean-Claude Lalumière, L'insomnie des étoiles de Marc Dugain, Luisa de Marie-Claude Roulet, Onze! de Xavier Deutsch et Ouragan de Laurent Gaudé.
Vous pouvez découvrir le résumé de cette passionnante séance en cliquant sur le lien ci-dessous qui vous conduira à l'article de Jacky Donzeaud, journaliste de Sud Ouest, qui était à nos côtés:
http://www.sudouest.fr/2012/01/16/quels-seront-%20les%20trois-romans-en-finale-606165-2904.php

Depuis cette rencontre inter-lycées, les élèves ont voté et déterminé les trois titres restant dans la course. Il s'agit donc de Ouragan, de L'insomnie des étoiles et de Onze!.
Le vote final est maintenant prévu pour le 11 Mai où nous savons déjà que les lycéens auront la chance de rencontrer Xavier Deutsch, l'auteur de Onze! qui pourra notamment leur expliquer comment il a su lier littérature et sport dans son roman également apprécié, comme nous avons pu nous en rendre compte lors des débats, par des jeunes filles pas forcément passionnées par le football!


Le week-end s'est ensuite poursuivi par une rencontre au Collège Marie Bartette d'Arcachon lors du Forum des Métiers qui présentait l'opportunité pour les élèves allant de la 5ème à la 3ème de rencontrer durant toute une matinée différents corps de métiers.
Nous étions regroupés dans plusieurs salles selon nos secteurs d'activité, ce qui permettait aux collègiens encore indécis de rencontrer le maximum d'intervenants dont les métiers relevaient sensiblement de la même passion (c'est ainsi que nous étions par exemple dans la même salle que le journaliste et le professeur des écoles).
Ce fut pour nous l'occasion de voir que le métier de libraire intéresse toujours (ouf!) mais qu'il est plutôt perçu, à cet âge-là du moins, comme un métier envisageable mais pas forcément comme un but. Pour preuve cet élève venu nous voir en déclarant d'entrée de jeu qu'il ne voulait pas être libraire mais médecin légiste ou avocat. Mais comme ce sont des métiers difficiles et qu'il était quand même très intéressé par le commerce et qu'il adorait lire, il souhaitait profiter de ce forum pour obtenir un maximum d'informations.
Tous les échanges que nous avons pu avoir ont, en tout cas, été riches et ce fut vraiment stimulant de voir leurs réactions quand nous leur avons parlé du cheminement du livre bien sûr avec toutes les étapes entre commande et vente, mais aussi de ce qui était l'essence même de notre métier, à savoir l'échange permanent que nous avons avec ceux qui entrent dans la librairie pour nous demander des conseils et qui bien souvent nous en apprennent plus que nous leur en apprenons!
http://www.sudouest.fr/2012/01/20/la-journee-des-metiers-au-college-bartette-6101732733.php


Le week-end se termina ensuite par la célébration du 40ème anniversaire de La Société Historique et Archéologique d'Arcachon et du Pays de Buch au Palais des Congrès.
Ce fut une journée qui rassembla beaucoup de monde lors des conférences et des quelques projections illustrant la thématique du Cinéma d'hier sur le Bassin.
Et si nous avions de notre côté apporté une sélection de livres qui trouvèrent leur public, il n'en reste pas moins que l'attraction du hall fut la splendide exposition retraçant l'évolution du cinéma avec à l'appui affiches d'origine, films, bobines, théâtres d'ombre, lanternes magiques mais aussi caméras d'époque qui étaient et sont encore de véritables oeuvres d'art. Et nous vous laissons imaginer la réaction du public quand tous ces objets étaient mis en marche, reprenaient vie comme au premier jour avec tout le charme de la lenteur et des petits cliquetis d'antan!
http://www.sudouest.fr/2012/01/17/les-riches-heures-du-cine-pour-ses-40-printemps-606873-2733.php

http://www.tvba.fr/cultureevenements/la-societe-historique-et-archeologique-fetait-ses-40-ans.html









Anne WIAZEMSKY

Une année studieuse d'Anne WIAZEMSKY aux éditions Gallimard, 18 euros.

Ce roman autobiographique, qu'il ne faut pas confondre avec l'autofiction, est écrit dans la plus grande tradition d'un genre inépuisable. Il serait toutefois merveilleux que Jean-Paul Godard, protagoniste principal de ces deux années (1966-1967) ait écrit de son côté cette mémorable histoire d'amour née à partir d'un film (Au hasard Balthazar de Robert Bresson).
Anne Wiazemsky, pour sa part, nous en fournit tout le romanesque avec la fraîcheur retrouvée de ses 19 ans. Des extraits de son journal intime sont par ailleurs retranscrits au moment où la magie féerique de sa rencontre avec le cinéaste semble s'épuiser. Un petit miracle subsiste néanmoins tout au long  de ce récit, une sorte d'émerveillement débarrassé de toute nostalgie avec une approbation absolue aux événements qui sont survenus lors de l'accélération soudaine de la vie de cette jeune femme certes pas tout à fait comme les autres mais qu'Anne Wiazemsky s'est arrangée pour en faire une personne aux idées, vues d'aujourd'hui, très conventionnelles.
Pour quelqu'un qui a donc cotoyé Godard et tout le gratin de la Nouvelle Vague, qui a suivi les leçons particulières du philosophe Francis Jeanson, qui aura l'opportunité de rencontrer (être draguée par ?) Daniel Cohn-Bendit, on peut raisonnablement être déçu de ne point  voir emerger quelques idées disons pertinentes chez cette agréable personne que l'amour a rendu semble t-il aveugle, à moins qu'il soit légitime de conserver son droit de réserve pour qui fut d'abord la petite fille de François Mauriac ayant vécu chez ce dernier qui fut aussi son tuteur...

samedi 14 janvier 2012

Une rentrée Bis !

Traditionnellement la rentrée littéraire du début d'année sert les auteurs confirmés qui n'espèrent pas (ou plus) de prix. Nous avons donc affaire souvent à des poids lourds de l'édition qu'elle soit française ou étrangère...
Cette semaine nous traitons des auteurs français qui sont arrivés en force dès cette première semaine de janvier.



Est-ce un hasard, mais le premier livre à avoir été demandé dans la librairie en 2012 fut la Cinquième chronique du règne de Nicolas 1er (14,50 euros), aux éditions Grasset, ultime épisode du feuilleton de Patrick Rambaud. Le style est savoureux et parodique bien évidemment !



Transition difficile mais possible avec la parution du dernier tome de l'histoire de la deuxième guerre mondiale de Max Gallo. L'écrivain a réuni l'année 1944 et 1945 sous le nom du  Triomphe de la liberté (20,20 euros) aux éditions XO.
"Derrière le nuage si lourd de notre sang et de nos larmes, voici que reparaît le soleil de notre grandeur." Signé le Général De Gaulle.


Livre trés attendu, Dieu, ma mère et moi (16,66 euros) de Franz-Olivier Giesbert est en pile depuis jeudi, nous ne doutons pas qu'il suscitera une vive curiosité, cet auteur ayant un talent d'écriture certain et une grande présence médiatique.




Mais Gallimard doit déjà être pleinement satisfait des ventes générées par le dernier roman d'Anne Wiazemsky, Une année studieuse (17,75 euros) dont nous reparlerons dès la semaine prochaine afin de confirmer la bonne impression qu'il a suscité.




L'éclaircie (17,65 euros) de Philippe Sollers sera lui aussi commenté et publié encore aux éditions Gallimard, ce réservoir infini de succès.





Le retour de Gilles Leroy est une bonne surprise, ses pérégrinations roumaines en tant que lauréat du Goncourt 2007 lui ont procuré une trés forte histoire d'amour. Dormir avec ceux qu'on aime (16,76 euros) est un beau et prometteur titre aux éditions du Mercure de France.




Les éditions Albin Michel que nous aimons beaucoup, débutent l'année avec Christine Orban pour une autre passion amoureuse, Virginia et Vita (17,00 euros) deux prénoms bien célèbres dans le monde des lettres anglaises.




Une toute autre affaire qu'Eric Neuhoff propose avec Mufle voyez plutôt :
"Lui : deux fois divorcé, de grands enfants. A cinquante ans, il croyait avoir enfin trouvé la femme de sa vie.
Elle, c'est Charlotte. Elle se sera bien foutue de lui."




Enfin, parce que Philippe Besson est un auteur contemporain des plus importants, signalons Une bonne raison de se tuer (19 euros) paru aux éditions Julliard qui est un écho américain à la Journée particulière d'Ettore Scola.






Bien sûr, cette sélection est loin d'être exhaustive, nous y reviendrons régulièrement...

La roue et autres nouvelles, Les fleurs de Christian GAILLY

La roue et autres nouvelles aux éditions de Minuit, 13 euros.






Les fleurs aux éditions de Minuit, 6,50 euros.


Christian Gailly représente trés certainement l'une des plus belles faces de l'école dite de Minuit, celle qui a fait suite au Nouveau Roman dans l'histoire de la littérature française. En effet,  après les Claude  Simon, Alain Robbe-Grillet ou encore Nathalie Sarraute, une autre génération s'est inscrite au patrimoine des éditions chères à Jérôme Lindon dont la fille Irène continue d'entretenir la flamme:  elle a pour chef de file notamment Jean Echenoz, Jean-Philippe Toussaint voire Christian Oster qui ont chacun apporté un souffle nouveau mais Christian Gailly est un élément incontournable de cette école - si école il y a, car ce qui réunit ces écrivains-là est une certaine idée de la langue française qu'ils s'autorisent à manier à partir d'une forme d'humour inconditionnelle.

Aujourd'hui, fait rare, Gailly nous envoie des nouvelles, une somme de variations sur le thème intemporel des relations entre les hommes et les femmes. L'art de Christian Gailly consiste à ne jamais trop en faire ni à trop en dire, dissimulant ses propres sentiments via ses personnages par de brèves mais décisives appartés. Ces mouvements d'humeur soudainement déclarés procèdent le plus souvent par d'évidentes constatations qui, cependant, déclenchent chez le lecteur une interrogation manifeste et globale sur les intentions de l'auteur. Dire ou ne pas dire, voilà la question.
Mélomane, Gailly prolonge par les mots son idéal musical. Psychanalyste de profession, il soulève par le détail l'intimité des situations les plus anodines. Changer une roue, par exemple, puisque tel est le titre donné à la première nouvelle de son recueil, inspire une confusion de sentiments chez un couple mis à nu par leur "sauveur", ce dernier s'éprenant de l'histoire courte et visible de la fuite des amoureux et de leur clandestinité qui s'en est forcément suivie.
Cet orfèvre de la narration capable de créer un suspense à partir de rien,  peut également être redécouvert avec la parution en poche d'un court roman intitulé Les fleurs,  fugue romanesque publiée il y a plus de 10 ans et où la virtuosité narrative est imbriquée dans une gestuelle plutôt légère de l'urbanité ou comment un homme et une femme finissent par se retrouver au comble d'une chute dans un escalier. Les fleurs avaient donné un caractère précis à la destinée, aux détails d'une rencontre que l'on rembobinait comme un film qui aurait les allures d'un François Truffaut, autre surdoué de l'élaboration du sentiment. Gailly donc, plutôt deux fois qu'une, nous assigne d'emblée à une rentrée romanesque réussie, en plein coeur du mois de janvier. Du bonheur.

samedi 7 janvier 2012

La Société Historique fête ses 40 ans!

La Société Historique et Archéologique d'Arcachon et du Pays de Buch fête ses 40 ans au Palais des Congrès
Dimanche 15 Décembre (10h00-12h00 et 14h00-17h30)


Et oui, on ne le dirait pas comme ça, mais cette belle et dynamique société prend elle aussi de l'âge..... mais comme un bon cru, son âge fait justement sa force et lui donne tout son corps et, plus que jamais, sa raison d'être!

Nous n'aurions pu manquer un tel événement et nous serons donc à ses côtés pour présenter des livres répondant à la thématique choisie: Le Cinéma d'hier sur le Bassin.

Venez donc nous rejoindre et profiter de l'entrée libre pour assister aux conférences avec débats et projections qui devraient vous apprendre beaucoup sur ce sujet peu abordé jusqu'alors!

Du rêve hollywoodien au rêve arcachonnais, il n'y a peut-être qu'un pas finalement?!

http://shaapb.free.fr/

http://www.sudouest.fr/2012/01/10/notre-ville-aurait-pu-devenir-celle-du-cinema-600266.2733.php

http://www.ladepechedubassin.fr/actualite/Silence,-on-tourne-sur-le-Bassin-2612.html

Comment rêve les morts de Lydia MILLET






Comment rêvent les morts de Lydia Millet aux éditions du Cherche-midi 17,50 euros.


Il s’appelle T., il a grandi avec une idée très précise de ce qu'il deviendrait plus tard: un homme riche. Et c’est par l’immobilier que T. est parvenu à ses fins tout en se drapant d’une distance émotionnelle inédite. Mais le succès et l’ambition lui sont devenus peu à peu étrangers puis, une nuit, la froideur initiale de sa personnalité s’est heurtée à la mort d’un coyote  après un choc avec sa voiture. Cet accident a alors sensibilisé une zone inconnue du cerveau de T..
Certes, T. a aussi rencontré l’amour mais les événements lui ont été rapidement contraires et l’ont nimbés définitivement d’un insondable chagrin. Sa mère s’est également rapproché de lui mais elle s'est perdue dans une maladie proche de celle d’Alzheimer à la suite du départ de son mari.
T. que l’on a pu croire insubmersible, prend conscience du monde, notamment  celui des animaux. Ainsi va t-il se préoccupper d’eux et venir les observer à la nuit tombée dans des zoos…

Si on ne parvient pas à situer immédiatement les enjeux de ce roman car celui-ci se présente sous des facettes toujours changeantes et mouvantes, Lydia Millet, à l’instar de son personnage, évolue dans une lenteur incertaine qui s’enrichit au fil des épisodes. L’écriture faisant  chemin, on s’entiche des pensées de celui-ci, des interrogations manifestes de cet homme pourtant riche et puissant mais dont on comprend que la richesse et la puissance sont passées au deuxième plan à la faveur de nouvelles considérations humanitaires et animales. Alors quel rapport avec le très beau et pourtant glaçant titre du livre? Peut-être dans cette perception ultime que  T. entretient avec lui-même, une métaphysique de l’esprit, constante et  inhabituelle.