samedi 26 novembre 2011

Et Amélie NOTHOMB vint !

Une diva ? Pas du tout,  pas dans le sens où on l'entend habituellement, très très loin des stars capricieuses, exigeantes et tout et tout.
Cependant, Amélie Nothomb est bien une star, une vraie, attendue par ses fidèles et on a vu par ailleurs son art de ne jamais décevoir.
Jeudi soir, elle a franchi les portes du café Le Troquet sous les applaudissements immédiats d'une foule resserrée mais parfaitement installée autour de l'estrade où la divine romancière allait s'installer. D'emblée, Amélie fut applaudie peut-être parce qu'elle répondit aux attentes de la plupart (voire de tous!), elle était à l'heure, elle était élégante, elle portait un chapeau...

On ne retranscrira pas l'échange qu'elle a tenu une heure durant avec son interlocuteur qui s'efforça de rendre justice à ses écrits en citant de nombreux passages de son dernier livre. On apprit cependant moult aspects remarquables de la vie si particulière de cette romancière qui a publié cette année son vingtième livre mais dont plus d'une cinquantaine dort encore dans ses tiroirs...

L'Amérique, ses apparitions dans des soirées de magie, l'humour indéfinissable contenu dans ses romans mais aussi lors des réponses à ses interwiewers, son extrême-orientalisme viscéral quand les débats s'échauffent, sa véritable rencontre avec Christina l'héroïne de Tuer le père, l'ambivalence d'être étudiée dans des lycées, et puis ce retour anxieux sur ses années d'anorexie, sa défense de la langue belge (!), ses exercices de jonglage et caetera, et caetera.

Amélie s'est livrée avec une générosité débordante y compris lorsque les questions lui sont parvenues du public (une bonne demi-heure avec une franche et superbe, voire hilarante, façon de décliner cette proposition de retirer un instant son chapeau...), et encore lors de sa séance de dédicaces, de photos, d'échanges avec tous ceux et toutes celles (jusqu'au dernier) qui, un livre à la main, communiquèrent leur profonde admiration, leur attachement à ce personnage unique de la littérature française.
Oui, elle voudrait bien revenir, voir la mer en plein jour et la dune du Pyla !

http://www.sudouest.fr/2011/11/26/rencontre-en-tete-a-tete-avec-amelie-nothomb-563466-2733.php

http://www.tvba.fr/cultureevenements/amelie-nothomb-a-arcachon.html




Tamanna, princesse d'arabesques (jeunesse)

Tamanna, princesse d'arabesques, gallimard jeunesse,16.50€
Il était une fois, dans une contrée lointaine, une jolie jeune fille qui faisait de la vie une oeuvre d'art. Elle peignait en songeant à son amoureux, Kantsu, qu'elle épouserait bientôt. Mais le père de ce dernier n'était pas de cet avis, car Tamanna n'avait pas de dot.
Un jour, un prince, séduit par le chant de la belle, l'emmena dans son palais pour l'épouser. Kantsu, pour la retrouver, n'eut qu'à suivre les arabesques que Tamanna avait dessinées et qui jalonnaient son chemin.
Quand ils rentrèrent ensemble au village, le père de Kantsu fut si heureux de retrouver son fils, qu'il accepta le mariage des deux jeunes gens. Ils vécurent donc heureux et peut-être eurent-ils beaucoup d'enfants...

Chet Baker pense à son art

Chet Baker pense à son art de Enrique VILA-MATAS aux éditions Mercure de France.
















Il y a chez Vila-Matas une bonne dose de mélancolie sur la façon d’aborder son existence, notamment lors de cet exercice de Traits et portraits de la belle collection du Mercure de France, créee et dirigée par Colette Fellous et où de grands noms sont venus apposer déjà leur signature (Le Clezio, Guyotat, N’Diaye voire Alechinsky…).
Pour commencer, une chanson - Belugosi’s dead - hante les pensées de l’auteur, son Ipod contient toutes les différentes versions connues de lui… Est-ce vrai ?
A la lecture de cet autoportrait, un glissement narratif s’effectue et les frontières s’atténuent entre le réel et la fiction, le réalisme et l’imaginaire, la certitude et l’incertitude, somme de tout ce qui constitue l’homme Vila-Matas.
Enrique Vila-Matas, pour ceux qui l’ignoreraient, répond promptement au titre de critique littéraire. On sait également qu’il a beaucoup publié, la littérature étant toujours chez lui un sujet central. Le fait d’avoir choisi Chet Baker pense à son art  en tant que titre, est justifié quelque part au détour d'une de ses pensées sur la condition de créateur. Selon lui, celle-ci prend racine dans les distinctions fondamentales qui, en littérature, sépare le narratif du non-narratif...
Monsieur Hire de Georges Simenon et Finnegans Wake de James Joyce font ici figures d’exemples afin d'illustrer cette confrontation. Très vite Vila-Matas penche du côté de Finegans avant de surprendre son monde lors d'un récit plus ou moins rêvé d’un voyage à Turin où, dès lors, tout semble se brouiller, le temps, l'espace et la réalité devenant soudainement cotonneux au coeur d'un univers côtoyant aussi bien Hire que Finnegans.
Les illustrations échelonnées tout au long du livre accentuent ce versant intranquille de l’auteur qui apparaît lui-même à deux ou trois reprises notamment quand, vers l’âge de dix ans, on le découvre plongé dans un livre qui sembe l’engloutir tout à fait.
On ne sait au final quoi retenir de cet homme, critique littéraire de profession, doté d'un esprit  balloté par une farandole d’auteurs dont on peut questionner le pouvoir éclairant. Une chose cependant, Vila-Matas est un lecteur d'exception.

samedi 19 novembre 2011

Prix des Lycéens de la ville de Gujan-Mestras

Depuis 5 ans, la librairie a le plaisir de soutenir le Prix des Lycéens qu'organise la Médiathèque Michel Bézian de Gujan-Mestras et auquel les lycées du Sud Bassin participent (Lycée de la Mer, Lycée Condorcet, Lycée Saint-Elme et Lycée Grand-Air).
Une première sélection de livres est d'abord établie par un comité de pilotage (dont la librairie fait partie aux côtés de l'association Lire et Délire(s) et des Amis de la Bibliothèque de Gujan-Mestras), puis les professeurs des différents établissements choisissent 6 titres que les lycéens liront pour élire celui qu'ils préfèrent après avoir débattu ensemble du sujet et de l'écriture.

A ce jour, le comité de pilotage a rencontré chaque lycéen pour présenter la sélection suivante (tous les romans doivent être francophones et parus depuis moins de trois ans):
- Le coeur régulier d'Olivier Adam (ed. de L'olivier)
- Le front russe de Jean-Claude Lalumière (ed. Le Dilettante)
- L'insomnie des étoiles de Marc Dugain (ed. Gallimard)
- Luisa de Marie-Claude Roulet (ed. Le temps qu'il fait)
- Onze de Xavier Deutsch (ed. Mijade)
- Ouragan de Laurent Gaudé (ed. Actes Sud)

Le 13 janvier prochain, les lycéens choisiront alors leurs 3 livres préférés pour désigner finalement le lauréat en avril. Les années précédentes, Delphine de Vigan (No et moi), Fred Vargas (Un lieu incertain), Laurent Gaudé (Les portes de l'enfer) et Jean-Philippe Blondel (Le baby-sitter) ont ainsi été primés.

Et c'est enfin au mois de mai que les lycéens rencontreront l'auteur élu ou l'un des auteurs de la sélection pour pouvoir discuter de l'aventure du livre, de l'écriture à sa promotion.

Ce prix est également l'occasion d'un concours de critique littéraire dont le gagnant voit ensuite publier sa critique dans le journal Sud Ouest.

http://www.sudouest.fr/2011/11/10/les-eleves-de-condorcet-critiques-litteraires-549422-2733.php

http://gujan-mestras.blogs.sudouest.fr/tag/jean%20philippe%20blondel

Voici les prix !

16 novembre 2011, le prix Interallié est décerné, fin des hostilités dites de novembre (le mois des prix).
Rendez-vous en 2012...

Mais auparavant, récapitulons !


Jeudi 27 octobre:
Grand Prix de l'ACADEMIE FRANCAISE Sorj Chalandon, pour Retour à Killybegs (Grasset)

Mercredi 2 novembre :
- GONCOURT a été attribué à Alexis Jenni pour son premier roman, L'art français de la guerre (Gallimard)
- GONCOURT des lycéens Carole Martinez pour Du domaine des murmures (Gallimard)
- RENAUDOT Emmanuel Carrère pour Limonov (P.O.L).
- RENAUDOT essai Gérard Guégan pour Fontenoy ne reviendra plus (Stock)

Jeudi 3 novembre:
- Prix DECEMBRE Jean-Christophe Bailly pour Le dépaysement - Voyages en France (Seuil)

Vendredi 4 novembre:
MEDICIS étranger David Grossman pour Une femme fuyant l'annonce (Seuil)
- MEDICIS essai Sylvain Tesson Dans les forêts de Sibérie (Gallimard)

Lundi 7 novembre:
- FEMINA Simon Liberati Jayne Mansfield 1967 (Grasset).
- FEMINA étranger Francisco Goldman pour Dire son nom (Bourgois)
- FEMINA essai Laure Murat pour L'homme qui se prenait pour Napoléon (Gallimard)

Mardi 8 novembre :
- RENAUDOT des lycéens Delphine de Vigan pour Rien ne s'oppose à la nuit (JC Lattès)

Mercredi 9 :
- Prix de FLORE Marien Defalvard pour Du temps qu'on existait (Grasset)

Lundi 14 novembre :
- Prix WEPLER, Fondation LA POSTE Eric Laurrent pour Les découvertes (Editions de Minuit)

Mercredi 16 novembre :
- INTERALLIE Morgan Sportès pour Tout, tout de suite (Fayard)

Un lien bien utile tout de même : http://www.prix-litteraires.net/
 
Ici à Arcachon, nous avons été fort satisfaits de voir quelques noms surgir, soit parce que nous suivons l'itinéraire de l'auteur depuis quelques temps déjà (Delphine de Vigan, Carole Martinez, Mathieu Lindon ou bien Sylvain Tesson et encore Emmanuel Carrere), soit parce que, bien avant ou peu avant - peu importe - cette distribution de prix, nous avions détecté la qualité de certains (Alexis Jenni et son imposant premier roman et Gérad Guéguan l'excellent chroniqueur de Sud-Ouest dimanche).

Chez les étrangers, on ne doutera pas un instant de l'énorme travail de David Grossman ainsi que du plus discret Francisco Goldman qui abordent des sujets délicats et personnels tout comme Delphine De Vigan soit dit en passant.

Enfin, le réel ayant bien pris sa place dans la production romanesque, il est normal de trouver Morgan Sportes pour sa recomposition d'un fait divers trés récent et Simon Liberati évoquant le destin d'une actrice d'une époque révolue.

Deux stylistes tout de même qu'il serait injuste de ne pas nommer, le trés médiatisé Marien Defalvard qui s'installe bruyamment sur la scène littéraire dès son premier roman et l'atypique Eric Laurrent porteur d'un vocabulaire irraisonné depuis ses débuts aux éditions de Minuit.

Voilà, c'est l'heure, nous retournons à nos devoirs, nos lectures, nos coups de coeur...

XIII T.20 Le jour du Mayflower (BD)

XIII tome 20: Le jour du Mayflower, Dargaud, 11.95€                                          
Un album très attendu, après quatre ans d'absence! Jigounov reprend le pinceau des mains de Vance! Un nouvel épisode où XIII, assez mal en point, a retrouvé son identité mais pas encore la mémoire...

jeudi 17 novembre 2011

Oscar Pill T.4 L'allié des Ténèbres (jeunesse)


Oscar Pill Tome 4: L'allié des ténèbres, Albin Michel,19€                                    
 Découvrez le quatrième opus de la saga! Le fabuleux voyage dans le corps humain continue avec encore plus de suspens et de rebondissements!                                                                 

Après la mousson

Après la mousson, Selina Sen, Lgf. 
Trois générations de femmes vivent, sous le même toit, un quotidien écrasant d'ennui, jusqu'au jour où un événement va bouleverser leur existence. La force de leur amour leur permettra de dépasser leurs différences et de sortir de la tourmente.
Une histoire de femmes mais également une histoire de l'Inde et de ses mutations.
Une plongée au coeur des saveurs et des des couleurs d'une nation chatoyante et tiraillée entre sa soif de modernité et le poids des traditions. L'auteur offre, dans ce roman lumineux et bouleversant, un véritable hymne à l'amour à son pays.

Le 9e jugement

Le 9e jugement de James Patterson aux éditions JC Lattès (20€)
Lindsay Boxer et son équipe ont fort à faire pour arrêter le psychopathe "le tueur au rouge à lèvre" qui s'en prend aux mères de famille accompagnées de leurs enfants.
Dans le même temps, un cambrioleur surnommé "Hello Kitty" dévalise les maisons des riches lors des soirées "people" jusqu'à ce que l'on veuille lui faire endosser un crime lors d'un cambriolage.
En fait, les deux affaires sont liées!

mercredi 16 novembre 2011

Vitrine à l'honneur: Didier Jeunesse fête les comptines du monde

Ce mois-ci, La Librairie Générale met à l'honneur la collection "Comptines du monde" (aux éditions Didier Jeunesse) qui fête ses 10 ans!

Une invitation au voyage, en images et en musique, pour petits et grands: embarquez pour un périple de la taïga russe aux rives enchanteresses du Gange! Découvrez le charme des îles lointaines où laissez-vous bercer par les complaintes du Fado...

Le petit plus: pour l'achat d'un album de la collection, votre libraire vous offre un petit carnet* pour raconter vos voyages, réels ou imaginaires. Larguez les amarres!!!

*Dans la limite des stocks disponibles.

Petit zèbre à pois (jeunesse)

Petit zèbre à pois, Bilboquet, 12€


Petit zèbre à pois ne passe pas inaperçu dans la savane. Un jour, il en a assez de se faire remarquer. Il demande de l'aide au tigre, lui qui a de si jolies rayures. Mais le tigre est un peu maladroit et tous les animaux s'esclaffent en voyant arriver petit zèbre et ses énormes rayures! Alors, il sollicite le petit singe qui lui dessine une belle parure. Petit zèbre est tout fier de parader dans son nouveau costume, mais plus personne ne le remarque! Petit zèbre est devenu un zèbre ordinaire. Finalement, il est heureux de retrouver ses pois, surtout quand il rencontre une jolie "zébrelle", conquise par cette originalité! Parfois, il faut voir la différence comme une chance!

samedi 12 novembre 2011

Le cas Sneijder


Le cas Sneijder de Jean-Paul DUBOIS aux éditions de l'Olivier (18 euros).


Au moins saura-t-on l’importance des ascenseurs dans nos vies grâce à Jean-Paul Dubois qui mène par endroits une enquête très journalistique sur le sujet mais le gars Sneijder est aussi la cause de cette somme d’informations puisque ce miraculé veut comprendre les raisons de sa survie parmi les victimes (dont sa propre fille) lors du crash d’un ascenseur chutant de plusieurs étages.
Depuis, son intérêt pour la vie ne cesse de décroître et les cendres de sa fille, le plus souvent possible, reposent près de lui.
Promener des chiens est devenu une activité conforme à sa claustrophobie (il a quitté son ancien métier).
Fuir sa deuxième femme en est une autre afin de ne plus subir ses injonctions humiliantes d’aller se faire soigner, assénées dans le même temps par leurs fils jumeaux, fidèles répliques de leur mère.
L’essentiel de l’humour de ce roman tient au thème du renoncement à toute forme d’ambition, de gloire et de prestige, qui sont ici fortement incarnés (jusqu’à la caricature) par sa femme et les jumeaux et qui sont contrebalancés par la satisfaction de balader des chiens.
Cette négation du système est abordée avec un sens aigu de la férocité par un Jean-Paul Dubois en grande forme.

vendredi 4 novembre 2011

Rentrée polar avec Herve LE CORRE et Olivier PENE à la médiathèque de Gujan-Mestras, mardi 8 novembre 18h30

Les deux acolytes les plus cotés de la région bordelaise renouvellent l'expérience qu'ils avaient effectuée au printemps dernier à savoir, se rendre à la médiathèque de Gujan-Mestras pour une présentation inédite de quelques livres récemment parus.

Tout est gratuit bien évidemment et très convivial, Hervé Le Corre est une pointure du genre, publié chez Rivages (L'homme aux lèvres de saphir, les coeurs déchiquetés, Derniers retranchements), il offre une vision toujours enrichissante de ses propres lectures, quant à Olivier Pene c'est une sorte d'Obélix tombé tout petit dans la Série noire, aussi a-t-il revigoré le rayon policier de la librairie Mollat au cours des huit années passées entre ses murs.

Prenez note de ce rendez-vous rarissime où l'équipe de la médiathèque nous accueille avec sympathie.
Révélons tout de même les auteurs que le duo nous a réclamés, les livres seront présents et disponibles :

La vie de nos morts de Francisco Gonzales Ledesma aux éditions Rivages (noir)
Le bloc de Jérôme Leroy aux éditions Gallimard (Série noire)
Les leçons du mal de Thomas H. Cook aux éditions du Seuil (policiers)
Spooner de Peter Dexter aux éditions de l'Olivier
Les fantômes de Belfast de Stuart Neville aux éditions Rivages (Thriller)
Le léopard de Jo Nesbo aux éditions Gallimard (Série noire)

http://www.sudouest.fr/2011/06/14/l-ecrivain-herve-le-corre-a-la-mediatheque-425502-2733.php

http://www.sudouest.fr/2011/06/16/je-veux-transmettre-le-plaisir-de-lire-427328-2780.php

jeudi 3 novembre 2011

Achile et la rivière (jeunesse)

Achile et la rivière, O.Adam et I.Green, Actes Sud junior, 15€


Dans la maison d'Achile, il y a toujours du bruit, du monde et du bazar partout!
Alors Achile s'évade, loin du désordre, dans un jardin enchanté, peuplé de méduses volantes et de grenouilles qui parlent et à qui il raconte ses secrets.
Un texte d'Olivier Adam, illustré par Ilya Green: un duo poétique et lumineux au service d'une jolie fable sur l'individualité et  la relation avec les autres.

Chaque soir à 11 heures (jeunesse)

Chaque soir à 11 heures, Malika Ferdjoukh, Flammarion 13€


Willa, une adolescente ordinaire, s'étonne elle-même d'être la petite amie du plus beau garçon du lycée. Au cours d'une fête, elle fait la connaissance du bien étrange Edern. Cette rencontre va bouleverser son existence.


Malika Ferdjoukh nous entraîne dans un curieux ballet, où l'on ne sait sur quel pied danser.
On frissonne, on rit, on s'émeut...bref, on dévore ce roman avec gourmandise!

mercredi 2 novembre 2011

Scènes de la vie d'un faune

 Scènes de la vie d'un faune d'Arno SCHMIDT (éditions Tristram, 19,00€)

Passé le premier quart d'heure de stupeur comme le disait à peu-près Jean-Patrick Manchette (mais que fait-il là ?), Arno Schmidt se révèle, disons-le franchement, génial !
Bien sûr, encore faut-il se rallier à ceux qui prônent la supériorité du non-narratif  au narratif.
Arno Schmidt, outre le fait d'avoir mis en place une technique littéraire absolument révolutionnaire, traversa la période nazie dont il rend compte ici avec une acuité politique prodigieuse car lui, au contraire de nos faiseurs d'histoires contemporains, a bel et bien eu à souffrir de l'aberration la plus sinistre de son pays, gouverné alors par des dingues.
Oeuvre obsessionnelle s'il en est, les Scènes de la vie d'un faune déroule le traumatisme d'un dénommé Heinrich During dont les tranches de vie s'éparpillent tout au long de l'année 1939 puis ressurgissent dans le désastre accompli de l'année 1944.
Brave mais impuissant, Heinrich During éprouve la technique de la brasse coulée notamment auprès de sa femme qui ne voit pas du tout où il veut en venir lorsqu'il s'approvisionne en masse en produits de première nécessité, puis lorsqu'il louvoie tant bien que mal à l'approche du sarcastique sous-préfet qui vient le recruter en tant qu'archiviste (de génie…).
Seule, la Louve (son amour clandestin pour lequel il déplacera des montagnes), soutient favorablement les pensées en ébullition de ce brave et pourtant retors Heinrich.
On peut, et pour longtemps, se référer à cette très belle nouvelle traduction de Nicole Taubes dont les notes de fin amplifient tout  le contexte du roman ainsi que les passages souterrains utilisés par l'auteur.
Enfin, l'article de Stéphane Zékian continue avec brio d'éclairer la voie tracée par ce génie allemand qu'il raccroche sans sourciller aux wagons avant-gardistes Mallarméens, Faulknériens, Poundiens, Joyciens et Céliniens qui sont, eux, déjà bien en place!

Don Juan de la Manche

 
Don Juan de la Manche de Robert MENASSE aux éditions Verdier (18 euros).

On se marre à l'écoute des divagations mi-réelles, mi-fantasmées de ce Nathan qui revigore au passage un genre que Phillip Roth entretient aujourd'hui tel un fantôme.
Certes, la psychanalyse paraît ici joyeusement tournée en dérision mais au travers d'une quête authentique où les déconvenues amoureuses, professionnelles et familiales font florès chez ce quadra en fin de course, représentant moderne du genre masculin occidental de l'humanité.
Fort heureusement, le questionnement est habile. Outre Roth Philip, Bernhard Thomas s'érige bien sûr en filigrane, comme la statue du commandeur du Don Juan de Robert Menasse, pourfendeur de moulins autrichiens. Vivement une suite !

Carénage

Carénage de Sylvain COHER aux éditions Actes Sud (17 Euros).

Et ne surtout pas confondre une japonaise avec une anglaise (Game over).”
Voilà qui pourrait résumer l'ambition de ce livre où une fille parle d'amour alors que c'est un garçon qui écrit. La liaison entre Leen et Anton, futur possesseur de l'Elégante (troisième et incontournable personnage) engage un roman d'amour démesuré. L'alchimie verbale de Sylvain Coher s'y déploie dans la noirceur étrange d'une moto aux vertus libératrices mais aussi dans la quête d'une jeune femme rejetée par l'incommunicabilité de son amant.
On pourrait pinailler sur des éléments parfois manichéens de cette histoire, reconnaissons d'abord le magnétisme incisif de son style.
Je sentais ma peau se tendre sous mon tee-shirt noir préféré de l'époque” et " quelques cigarettes fumées sur le bord d'un muret qui m'aplatissait les cuisses", enfoncent délibérement les portes d'un érotisme rare et maintenu.

Le ravissement de Britney Spears

Le ravissement de Britney Spears de Jean ROLIN aux éditions P.O.L. (17 Euros).

 « était une fille irrésistible »  termine une phrase entamée page 182. Cette attaque franche et directe,  immédiatement contrée, « Je ne la décrirai pas», a l'effet d'une douche froide adoucie aussitôt, « ou très peu », qui pourrait bien rendre dingue un lecteur attentif car Jean Rolin ne souhaitant pas se dérober donne de vraies raisons à son impossibilité à décrire :  « le sentiment de trahir quelque chose ».

Aussi, s'en remet-il à l'intelligence et à la sensibilité de son lecteur, « il faudra par conséquent que le lecteur me croie sur parole et qu'il prête à Wendy, selon sa fantaisie, les traits que doit revêtir à ses yeux une fille irrésistible ». Beau travail, qui plus est, parfaitement conclu par une bienveillante reprise de contrôle de la narration, « sachant toutefois qu'elle a les cheveux châtains… ».



C'est par le biais d'un espion risible que Jean Rolin arpente les quartiers de Los Angeles, sans voiture,  avec pour mission d'éviter un très éventuel enlèvement de la chanteuse Britney Spears.

Cette mission est régulièrement détournée de son but puisqu'il s'avère impossible d'approcher Britney Spears (même si l'on est connecté sur tous les sites people de la planète qui suivent en direct l'activité des stars),  et que, ma foi, une « vague ressemblance avec Britney Spears » pourrait suffire à satisfaire un « désir, si impérieux qu'il fût »,  touchant et bien pratique.

Le degré d'intimité de cette relation au romantisme lucide, « Wendy elle-même était une pute, bien entendu… », s'effectue au coeur d'une Amérique de clichés qui constitue, au final, un regard très inédit, à hauteur d'homme (comme on dit), fidèle et précis au sujet d'une destination plus ou moins galvaudée.

Rouler

Rouler de Christian OSTER aux éditions de l'Olivier (15 Euros).

Prendre la route avec Christian Oster est, somme toute, assez fréquent. Prenons, à titre d'exemple, son roman Loin d'Odile où, déjà, l'annonce du titre prévoit une distance et encore, Mon appartement  et aussi Une femme de ménage qui sonnent, à chaque fois, l'heure d'un départ emportant avec lui comme l'aveu d'une fuite, ce qui épargne souvent des situations contraignantes.
Cette fois, dans Rouler, le départ d'emblée est accompli. Rouler, aussitôt, s'en va pour un long voyage et on envisage de suivre, ne serait-ce qu'avec une carte, ce narrateur mal disposé à toute forme de tourisme.
Pensant renvoyer tout exotisme à la niche, il le crée cependant par son attitude revêche.
Ainsi, en prennent pour leur grade, quelques localités auvergnates avant que le sud profond ne s'égrenne aux abords de Saint Flour, de Mende, d'Alès, d'Arles où le périple de notre homme fait étape avant, qui sait, de finir à Marseille.
Le regard appuyé de ce voyageur solitaire accompagné, bien évidemment, par des rencontres plus ou moins forcées, s'engage avec la retenue requise dans une quête orientée vers l'oubli.
On le verra alors au plus profond d'une vallée du massif central, quand l'aide d'autrui s'avère nécessaire, se forger le début d'une destinée à défaut d'une destination.

Les Trois Lumières

Les Trois Lumières de Claire KEEGAN aux éditions Sabine Wespieser (14,00 Euros).

En Irlande, un nouveau talent s'est fait remarquer avec Antarctique (qui vient de paraître en poche) puis avec Les Trois Lumières qui lui octroie aujourd'hui un statut plus ample, y compris de ce côté-ci de la Manche.
Dans Les trois lumières, une jeune fille emménage, le temps d'un été, chez des amis de ses parents qui lui sont inconnus. La raison, sans être explicite, semble économique, mais encore ?
Que fait la jeune fille ? Elle observe ces parents de courte adoption qui  l'aiment autrement et peut-être même mieux que ses propres parents.
La campagne irlandaise et ses racontars remplissent l'apprentissage de cette jeune fille qui, quant à elle, ne se confie pas ou si peu. C'est une muette éblouie.
Pas d'événements pour nourrir ces semaines où, en lecteurs avertis, nous attendons au minimum un crime ou un fait inexorable commis sur la jeune fille, mais non.
Alors qu'est ce qui tient ce texte si droit dans ses bottes s'il ne s'y passe rien ? Il n'y a pas 150 pages à lire et l'on aimerait que les semaines durent pour le plaisir simple de voir la jeune fille courir sur le chemin récupérer le courrier. Comprendrions-nous mieux alors l'amour étrange que portent ces deux adultes à cette jeune fille de passage ?
Claire Keegan avait donné dans son Antarctique ( un recueil de nouvelles) une intime et farouche psychologie de l'être,  Les Trois Lumières renforce sa puissance narrative et lentement nous ébranle.

L'homme à l'Hispano

L'homme à l'Hispano de Pierre FRONDAIE (Le Festin 20 euros).

La haute société se retrouvait à Biarritz où elle passait la belle saison. Chacun connaissant son monde, le jour vint où un bel inconnu joua  gros en séduisant la femme d'un puissant homme d'affaires. La haute société lui attribua dès lors toutes les qualités requises sans qu'il eût à en démontrer aucune sinon celle de la bonne tenue et de l'élégance. La richissime femme qui tomba folle de lui jamais ne perçut la situation désastreuse dans laquelle, lui, l'homme à l'Hispano, tombait. Or, jamais il ne voulut rompre cette passion où le drame forcément pointait c'est-à-dire vers la mort, malheureuse, désastreuse.

Avec un vocabulaire et un style délicieusement surannés mais justes, Pierre Frondaie a su rendre compte d'une page dorée de la côte d'argent. Il en a restitué la surperficialité inhérente au mode de vie d'une classe sociale à laquelle il appartenait, avec lucidité. Ainsi a t-il rempli un vide qui manquait à cette partie du monde où en ces glorieuses années, une Hispano-suiza savait se faire remarquer.

mardi 1 novembre 2011

L'équation africaine

L'équation africaine de Yasmina KHADRA(Julliard 19,00€)

Voilà une vie qui bascule brutalement du confort d'une réussite sociale vers l'ouverture à un monde totalement autre.... Pour fuir la douleur d'un deuil, Kurt se laisse entraîner par un ami en mission humanitaire au large de l'Afrique. C'est alors l'enlèvement au Darfour. Dans sa captivité il prend conscience de la peur inspirée et ressentie par leurs bourreaux et découvre une contrée effrayante et pourtant fascinante comme "une terre oubliée des dieux".
Finalement libéré, il ne pourra qu'y retourner.
Par une écriture directe et très fine, Yasmina Khadra nous montre que les victimes ne sont pas seulement celles que l'on croit.